Alexandre Dumas plus fort que Marvel ? Ces "Trois Mousquetaires" ont de la suite dans les idées

Publié le 13 décembre 2023 à 13h09, mis à jour le 13 décembre 2023 à 14h25

Source : JT 20h WE

Huit mois après le premier volet, "Les Trois Mousquetaires : Milady" débarque ce mercredi dans toute la France.
Une relecture ambitieuse du classique d’Alexandre Dumas qui a déjà séduit plus de 3,3 millions de spectateurs.
Le réalisateur Martin Bourboulon raconte à TF1info les coulisses de ce blockbuster made in France.

C’était l’un des projets les plus ambitieux de l’Histoire du cinéma français. L’un des plus couteux aussi. Dans une période post-Covid incertaine pour les salles obscures, la major Pathé et le producteur Dimitri Rassam se sont associés pour faire revivre Les Trois Mousquetaires d’Alexandre Dumas, plus de soixante après la dernière adaptation hexagonale sur grand écran. Deux films tournés simultanément pendant 27 semaines, entre l’été 2020 et l’été 2021, à la manière des superproductions Marvel. Coût de l’opération : 72 millions d’euros.

Sorti le 5 avril dernier, le premier volet centré sur le personnage de D’Artagnan, interprété par François Civil, a attiré 3,3 millions de spectateurs chez nous et généré plus 32 millions d’euros de recettes dans le monde entier. De quoi se la jouer relax en attendant les chiffres de mercredi ? "On ne peut jamais être relax quand on sort un film", soupire le réalisateur Martin Bourboulon. "Parce que le cinéma, c’est une industrie et une alchimie très particulière. Le seul endroit où je peux être relax, c’est dans l’idée de me dire que je suis allé au bout du film que j’avais en tête."

L'inspiration des séries télé

Quand le premier volet est arrivé sur les écrans, Martin Bourboulon travaillait encore avec ses équipes sur le montage du second. Si aucun tournage additionnel n’a été effectué, les retours des spectateurs l’ont encouragé à revoir certains points. D'un point de visuel, avec une colorimétrie plus chaude. Mais aussi niveau de la structure. "On a été vigilants sur des points de dramaturgie", révèle le réalisateur. "Notamment autour de l'attentat dont le roi est victime à la fin de l’épisode précédent. On a été attentif à ce que le public comprenne bien la résolution de l'énigme. Le destin de Milady aussi, que ça fasse écho à certaines choses du premier film."

D’où l’idée d’introduire cette suite par un petit résumé de l’épisode précédent, façon série télé. Une manière de se remettre les personnages et les enjeux en tête. Et d’embrayer directement avec une scène d’action spectaculaire, D’Artagnan libérant Milady de Winter des geôles du comte de Chalais en croyant sauver sa douce Constance. Pendant ce temps, à Versailles, Louis XIII se relève de l’attentat dont il a été victime et déclare la guerre aux protestants. Envoyés au front, Athos, Porthos et Aramis vont se retrouver au cœur du complot ourdi dans l’ombre par Richelieu…

Une forme de modernité assumée

Comme dans le premier film, Martin Bourboulon multiplie les personnages mais trouve le juste point d’équilibre pour faire exister chacun, bien aidé par un casting aux petits oignons. Un Athos tourmenté façon Vincent Cassel, un Aramis sophistiqué comme Romain Duris, un Porthos exubérant à la manière de Pio Marmaï ou encore un Louis XIII pince-sans-rire façon Louis Garrel. La grosse différence se situe dans l’évolution du D’Artagnan de François Civil. Candide dans le premier film, il flirte avec son côté sombre au contact de la machiavélique Milady jouée avec gourmandise par Eva Green. Une "méchante" qui dévoile une fêlure qu’on ne lui connaissait pas jusqu’ici.

"Au début du projet, il a vite été évident que D’Artagnan et Milady seraient chacun au cœur d’un film", souligne Martin Bourboulon. "C’est pour ça que dès le début du deuxième, il y a un face à face entre les deux personnages. Et puis lorsqu’on replonge dans l’œuvre de Dumas, il y a naturellement les quatre mousquetaires. Mais les personnages féminins ont également un rôle central", rappelle le réalisateur. "Il y a Milady, mais aussi Constance Bonacieux (Lyna Khoudry) et la reine Anne d’Autriche (Vicky Krieps). Autour d’elles se jouent des intrigues intimes et le destin de la France. Et on tenait à mettre cette dimension en relief."

Un troisième film dans les cartons ?

Cette petite touche féministe souligne une volonté de modernisation déjà incarnée par la bisexualité assumée de Porthos dans le premier film. On la retrouve également à travers la présence cette fois d’Hannibal, le "mousquetaire noir" interprété par Ralph Amoussou. Un personnage fictif inspiré de l’histoire vraie Aniaba, jeune prince venu d’Afrique qui fut le filleul de Louis XIV. "La modernité a toujours sa place quand les choses sont justifiées", insiste Martin Bourboulon. "On ne voulait pas fabriquer des choses fausses. Mais quand on s’aperçoit qu’un homme noir a fait partie du camp des mousquetaires, pourquoi ne pas le faire exister ?".

Sans temps mort, ponctué par d'impressionnants combats en plans-séquences, ce deuxième volet s’achève par un cliffhanger qu’on se gardera bien révéler. Mais qui ouvre clairement la porte à un troisième volet. "J’avais envie d’un film haletant qui relance sans cesse l’intrigue, au même titre que Dumas le faisait dans ses livres", admet Martin Bourboulon. "L’idée, c’est de voir comment les spectateurs vont recevoir celui-ci. À quel degré on va sentir un satisfecit, un public heureux d’avoir repris contact avec cette histoire. Lui seul décidera du sort d’un troisième opus."

En attendant une hypothétique réunion de D’Artagnan et ses compères, Pathé et Dimitri Rassam ont déjà ouvert un nouveau chapitre à leur résurrection de l’œuvre d’Alexandre Dumas. Tourné de juillet à novembre dernier par Mathieu Delaporte et Alexandre de la Pattelière, les scénaristes des Trois Mousquetaires, Le Comte de Monte-Cristo sera sur les écrans le 11 décembre 2024. Pierre Niney incarnera Edmond Dantès, présenté par les producteurs comme "le premier superhéros français". En attendant d’éventuels spin-off ? Figurez-vous qu'une série intitulée "Black Musketeer" est en cours de préparation. Captain America & co. n’ont qu’à bien se tenir…

>> Les Trois Mousquetaires : Milady de Martin Bourboulon. Avec François Civil, Vincent Cassel, Eva Green. 1h55. En salles


Jérôme VERMELIN

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