Interview

VIDÉO - "Le Salaire de la peur" sur Netflix : "Quand on s’attaque à un film culte, on s’attend à prendre quelques coups "

Publié le 29 mars 2024 à 9h00

Source : TF1 Info

Franck Gastambide et Ana Girardot se donnent la réplique dans "Le Salaire de la peur", ce vendredi sur Netflix.
Une nouvelle version du livre qui a inspiré le classique d’Henri-George Clouzot, primé à Cannes en 1953.
TF1info est allé à la rencontre des deux comédiens ravis d’avoir relevé le challenge du réalisateur Julien Leclercq.

C’est un projet qui a fait bondir les puristes du cinéma français. 70 ans après le classique de Henri-Georges Clouzot avec Yves Montand, Palme d’or à Cannes, Le Salaire de la peur ressuscite dans une nouvelle version signée Julien Leclercq, disponible ce vendredi sur Netflix. Du livre de Georges Arnaud, également adapté en 1977 par William Friedkin avec Le Convoi de la peur, le réalisateur de Braqueurs n’a conservé que l’essentiel. Soit une bande de convoyeurs chargée d’acheminer un camion rempli de nitroglycérine à travers une terre hostile.

D’Amérique du Sud, l’intrigue a été transposée dans un pays fictif d’Afrique du Nord. Lorsqu’un puits de pétrole s’embrase aux abords d’un camp de réfugiés, deux frères aux relations conflictuelles (Franck Gastambide et Alban Lenoir) sont réunis pour éviter une catastrophe. Accompagné d’une humanitaire intrépide (Ana Girardot) et d’un agent de sécurité un peu louche (Sofiane Zermani), ils vont devoir prendre tous les risques dans un désert semé d’embuches…

L'annonce ce projet a été accompagnée de quelques critiques. Quelle a été votre réaction quand on vous l’a proposé ?

Franck Gastambide : Quand on s’attaque à un film culte, on s’attend à prendre quelques coups ! Déjà que quand j'ai fait Taxi 5 je me suis pris une rafale de critiques... Mais ce qu'il faut comprendre avec Le Salaire de la peur, c'est qu'on n’est pas du tout dans un remake. On est dans un "reboot", dans une version très moderne d’un pitch, avec des personnages qui n’existaient pas comme celui joué par Ana. Et heureusement parce que lorsqu’on voit le film original, le traitement des femmes n’est pas ce qui était le plus réussi. Pour ma part, je l’ai abordé sans aucune comparaison avec Yves Montand et surtout avec beaucoup d’humilité à la lecture de mon personnage. L’idée, c’était de faire un film d’aventure, beau et spectaculaire, qui va répondre aux attentes des spectateurs de Netflix.

Le réalisateur Julien Leclercq entouré de Alban Lenoir et Franck Gastambide, deux frangins aux relations "compliquées".
Le réalisateur Julien Leclercq entouré de Alban Lenoir et Franck Gastambide, deux frangins aux relations "compliquées". - Netflix

Le Salaire de la peur de Clouzot, c’est aussi "une marque" qu’il faut honorer, non ?  

Franck Gastambide : Oui, mais c’est une marque qui est connue des plus anciens. Je ne suis pas convaincu que le jeune public de Netflix sache ce que c’est. Et c’est aussi en ça que faire un reboot est intéressant : remettre un coup de projecteur sur un film culte pour nos parents !

Ana Girardot : C’est un peu comme les gens qui ont peur qu’Aya Nakamura chante Edith Piaf, quelque part. Tout à coup, les gens se disent que Le Salaire de la peur, c‘est un monument du cinéma français, etc. Mais justement. Julien Leclercq a été approché parce qu’il a un amour de ce film, qu’il y a des choses qui parlent à son cinéma, et qu'elles lui ont inspiré une nouvelle histoire. Les personnages qu’il a créés n’ont rien à voir avec ceux de l’original. Seul le pitch est semblable : on va tous se retrouver confrontés à une expérience entre la vie et la mort pour des raisons et des idéaux différents en transportant ce camion rempli de nitroglycérine qui peut exploser à tout moment. Lorsque Julien nous a réuni autour d'une table pour nous montrer ses storyboards, on avait tous envie de partir le lendemain au Maroc pour tourner !

Ana Girardot incarne une humanitaire intrépide, un personnage féminin qui n'existait pas dans les précédentes version.
Ana Girardot incarne une humanitaire intrépide, un personnage féminin qui n'existait pas dans les précédentes version. - Netflix

Comme Franck l’a dit, votre personnage n’existait pas chez Clouzot. C’est elle qui donne au film son côté plus contemporain ? 

Ana Girardot : Disons que le film n’aurait pas pu exister sans ce personnage-là. Ou alors ça aurait été étrange. C’est évidemment, je pense, une envie de Netflix de mettre en avant des femmes d’action qui se retrouvent dans les mêmes situations que les personnages masculins. Et nous les actrices, on attend que ça ! Conduire les bagnoles à fond, tirer avec des flingues… revenir à ce qui nous a fait aimer le cinéma. Moi c’était des stars comme Catherine Zeta-Jones, Angelina Jolie, des "bad girls" qui m’ont donné envie de "faire du jeu".

Vous jouez un homme et une femme… mais pas tout à fait un couple. Comment décrire leur relation ? 

Franck : Non, ce n’est pas un couple mais…

Ana : Ah bon ? 

Franck : Enfin ! (rires). C’est un couple d’amis, d'amants, avec une vie particulière dans laquelle visiblement, il n’y a pas beaucoup de place pour une relation stable. Je l'ai lu et je l’ai joué comme un couple potentiel qui ne sera jamais…

C’est beau ce qu’il dit !

Ana : C’est beau, hein ? Mais il dit beaucoup de choses belles comme ça, Franck.

Franck : Tout était prévu, j’avais tout écrit…

"Le Salaire de la peur" : un couple pas comme les autres ?Source : TF1 Info

Justement, Franck. Sous le vernis du film d’action, c’est l’un de vos personnages les plus torturés, n’est-ce pas ?

Franck Gastambide : C’est aussi pour ça que j’ai beaucoup de chances qu’on m’ait proposé ce rôle. Je suis bien conscient de l’image que j’ai. Je viens de la comédie, très populaire. Et c’est un cadeau, un privilège qu’on me donne l’un des rôles principaux d’un film aussi sérieux et aussi ambitieux. J’ai fait de mon mieux et j’espère que ça fonctionne.

Vous avez toujours l’impression d’avoir une étiquette ?

Franck Gastambide : Si c’est le cas, je le vis très bien. Je fais le cinéma que j’aime. Mon idole, c’est Stallone. Je n’ai pas d’idole de cinéma d’auteur. Même si je regarde ça avec beaucoup de plaisir et que j’ai du respect, le cinéma que j’aime, c'est le cinéma pop-corn. C’est le cinéma de Hollywood. Donc quand je suis sur un plateau comme celui du Salaire de la peur, ou comme quand je fais Medellin où je donne la réplique à Mike Tyson, j’ai l’impression de faire ce que je rêvais de faire. Et surtout ce que j’aime faire. Donc si j’ai une étiquette, je l’accepte bien volontiers. Et puisque j’écris et réalise aussi mes propres films, je contribue à m’auto-étiqueter !

Ce film existe grâce à Netflix et tant mieux. Mais est-ce qu’il n’y a pas un petit snobisme du cinéma français "traditionnel" vis-à-vis des films d’action ? 

Franck Gastambide : Le cinéma français ne snobe pas l’action, je ne crois pas à ça. Je crois juste qu’il y a eu plusieurs exemples de films de ce genre qui ont été des échecs en salles. Du coup les producteurs ont été un peu refroidis et c’est logique. Et puis les plateformes sont arrivées avec des tentatives de "rebooter" le film d’action. On pourrait parler de Balle Perdue par exemple. Et soudain, c'est un succès, aussi bien en France qu’à l’international, grâce à la puissance de ces plateformes. Et là, on se rend compte qu’on sait faire. Après tout, on a de super cascadeurs qui travaillent à Hollywood sur Fast and Furious ! Encore fallait-il qu’il y ait un public et là, on l’a trouvé. Pour moi, le fait que quelqu’un comme Ana, avec tout son bagage de grand cinéma français, d’égérie un peu chic, vienne faire des cascades avec nous dans le désert, c’est une preuve qu’il n’y a pas tant de snobisme que ça.

>> Le Salaire de la peur de Julien Leclercq. Avec Franck Gastambide, Alban Lenoir, Ana Girardot, Sofiane Zermani. 1h44. Ce vendredi sur Netflix.


Jérôme VERMELIN

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