Congé paternité : comment les pères s'en sont emparés en 20 ans

TF1 | Reportage Sylvain Millanvoye, Alix Ponsar et Jean-Luc Perez
Publié le 10 octobre 2022 à 20h32, mis à jour le 11 octobre 2022 à 12h31

Source : JT 20h Semaine

Depuis sa création il y a vingt ans, le congé paternité a changé nos vies.
Il a bouleversé les relations au sein des couples et le rôle des pères pendant les premiers mois de la vie de leur enfant.
TF1 a recueilli des témoignages.

Le congé paternité, une vraie avancée dans la société française. Pendant plus d'un demi-siècle, seuls trois jours étaient accordés au père, à la naissance. Jusqu'en 2002, onze jours de plus leur sont donnés. Depuis 2021, la durée du congé de paternité a doublé, passant à 28 jours,  permettant à la France, un temps en pointe sur le sujet, de combler une partie de son retard par rapport aux meilleurs élèves européens. Lorsque la France a créé le congé paternité en 2002 - 11 jours qui s'ajoutent aux 3 jours du congé de naissance - elle était en avance sur la plupart de ses voisins. Mais depuis, de nombreux pays européens ont adopté des dispositifs plus généreux. 

Pour autant, reste un constat : tous les hommes n'étaient pas égaux devant la paternité. Trois raisons à cela : l'absence d'informations, les démarches à accomplir parfois, mais aussi les revenus. Prenons l'exemple de Jordan et Delphine, cités dans notre reportage en tête d'article. Ils sont kinésithérapeutes tous les deux, donc libéraux. Pendant son congé paternité, Jordan ne touche que 15% de son salaire. Ainsi, financièrement, Delphine et lui ont commencé à préparer l'arrivée de leur fille Éva il y a trois ans.

Largement tributaire des caractéristiques professionnelles

Une étude du Centre d'études et de recherches sur les qualifications (Cereq) parue en mars 2022 confirme en effet les "grandes disparités" selon la situation professionnelle des pères au moment de la naissance, "l'instabilité de l'emploi et des revenus" apparaissant comme "un facteur central d’inégalités". Lorsqu'ils sont en CDI, la très large majorité des pères (87%) recourent au moins partiellement au congé paternité. Seul un quart (24%) des pères qui étaient demandeurs d'emploi indemnisés à la naissance de leur dernier enfant ont utilisé tout ou partie du congé.

Le recours au congé est plus faible aux deux extrémités salariales : il est de 67% chez les 20% des pères aux revenus les plus modestes (moins de 1.400 euros mensuels), atteint un pic chez ceux dont le revenu est compris entre 2.500 et 2.899 euros (98%) et redescend à 73% chez les 10% des pères les mieux rémunérés (3500 euros et plus).

Pas plus d'implication à la maison, selon une étude

Par ailleurs, et de manière plus générale, la prise du congé paternité ne garantit pas une meilleure répartition des tâches familiales, selon l'étude. Les pères ayant pris le congé n'apparaissent que "légèrement plus impliqués dans la répartition des tâches parentales et certaines tâches domestiques en 2017". Il est un peu plus courant que le père prenne en charge les courses ou s'occupe des enfants, avec respectivement +7 et +8 points de pourcentage par rapport aux pères qui n'ont pas pris de congé (25% et 24% des pères en congé contre 18% et 16%). 

Reste que les pères n'ont pas toujours été aussi présents à la maison. Replongeons 50 ans en arrière pour constater tout le chemin parcouru. Toutefois, en Europe, la France demeure à la traine. En Suède, les parents se partagent seize mois de congés parentaux. Même concept en Finlande, avec sept mois de congés, et en Espagne, les pères de famille ont droit à seize semaines de congé paternité. 


TF1 | Reportage Sylvain Millanvoye, Alix Ponsar et Jean-Luc Perez

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