TÉMOIGNAGES - "On se sent extrêmement exposés" : l'inquiétude des chefs d'établissements scolaires

par La rédaction de TF1info | Reportage Sophie Chevallereau, Thomas Misrachi, Kevin Gaignoux
Publié le 29 mars 2024 à 11h59

Source : JT 20h Semaine

Les proviseurs sont en première ligne face aux menaces contre des collèges et des lycées depuis plusieurs années.
Une grande partie de leur temps et de leur énergie est consacrée à apaiser les conflits, garantir la sécurité des lieux et faire respecter la laïcité.
Deux d'entre eux témoignent face à notre caméra.

Elle n'a pas l'autorisation de sa hiérarchie pour nous parler. Mais la principale d'un collège ne veut pas rester silencieuse face à l'insécurité grandissante qu'elle ressent. Alors, elle témoigne anonymement. "On se sent extrêmement exposés. On peut trouver son nom, son numéro de téléphone, jetés en pâture... donc notre sécurité, nos familles exposées, nos carrières mises en difficulté... Je trouve que ça, c'est extrêmement anxiogène", explique cette proviseure dans la vidéo en tête de cet article.

Ça peut être un parent pas content qui va débouler dans votre bureau et qui veut vous faire la tête au carré
Une proviseure anonyme

Les assassinats de Samuel Paty, puis de Dominique Bernard, les menaces d'attentats dans les établissements scolaires ont transformé son métier. "Moi, je ne réfléchis qu'en termes de sécurité. Je passe mon temps à regarder, je suis un scanner à sécurité. Je regarde où sont les surveillants, je regarde tout ce qui peut concerner la sécurité de l'établissement", ajoute la chef d'établissement.

Et puis, il y a les violences du quotidien. Des élèves s'en sont déjà pris à elle physiquement. Certains parents également ne respectent plus son autorité, selon elle. "Ça peut être un parent pas content qui va débouler dans votre bureau et qui veut vous faire la tête au carré, et ça, c'est le quotidien des parents qu'on appelle pour leur expliquer que leur enfant a transgressé une règle, et les parents se mettent à hurler", précise la proviseure. Un mal-être qu'a partagé aussi Christophe Barrand, ancien proviseur de lycée.

À ce poste pendant 20 ans dans différents établissements parisiens, l'ancien chef d'établissement vient de prendre sa retraite. Selon lui, tout est sujet à polémique désormais, à commencer par les programmes scolaires. "L'étude d'un tableau de la Renaissance, parce que les personnages peuvent être dénudés. Les sujets qui touchent à la question de la sexualité, la mixité dans l'activité sportive, la question historique de la Shoah, toujours des sujets sensibles et difficiles, mais qui deviennent maintenant épidémiques et violents", il appelle à une prise de conscience collective, notamment de la part des parents d'élèves.


La rédaction de TF1info | Reportage Sophie Chevallereau, Thomas Misrachi, Kevin Gaignoux

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