VIDÉO - Un emploi et un logement : ces patrons qui se transforment en promoteurs immobiliers pour recruter

par L.T. | Reportage TF1 : Fabien Chadeau, Stéphane Deperrois
Publié le 14 mai 2023 à 23h12, mis à jour le 15 mai 2023 à 11h17

Source : JT 20h WE

De nombreux chefs d’entreprise sont démunis face au manque de main d’œuvre.
Parmi les freins qui découragent les candidats, le logement, notamment dans les zones touristiques.
Pour fidéliser leurs futurs salariés, certains employeurs deviennent donc constructeurs.

Jimmy-Lee Pelé vient de décrocher son premier CDI dans une entreprise de fabrication de fenêtres en centre Bretagne. Tout va bien pour lui : bien payé, heureux dans son travail, sauf qu’il n’a toujours pas trouvé de logement stable. Son patron s’en inquiète. L’entreprise est implantée dans une zone enclavée en bordure de forêt à Beignon (Morbihan). Une ville de moins de 2000 habitants. Pas assez de logements pour les 650 employés. Résultat : certains parcourent jusqu’à 80 kilomètres pour venir travailler. D’autres, de plus en plus nombreux, s’y refusent. 

Démissions, refus de postes… Le service des ressources humaines a de plus en plus de difficultés à recruter. Sur une cinquantaine de personnes embauchées l’an dernier, entre 20 et 30 ne sont pas restés faute de logement sur le secteur. Le patron a donc décidé de faire construire un lotissement sur un terrain qu’il vient d’acheter à la municipalité. "La demande était que Beignon s’en occupe, mais Beignon a dit ‘on n’a pas les moyens’, et comme nous, on est quand même un peu pris par le temps parce qu’on a des salariés qui nous demandent tout de suite ‘est-ce qu’on peut avoir une maison ou un appartement’, on va prendre le lead et on va conduire le projet", explique Dominique Lamballe, PDG de Fenêtres, portes et volets Fenêtréa, dans le reportage du 20H de TF1 ci-dessus. 

Car la mairie l’assume : elle est incapable de porter un tel projet. "Nous, on n’a pas les reins assez solides pour investir. On a fait quand même un effort, nous nous sommes mis d’accord sur un prix de vente. On est à 32 euros le mètre carré", déclare Sylvie Hourmand, maire (sans étiquette) de Beignon. Au lieu de 48. Une ristourne de près de 30%. Si tout se passe bien, dans deux ans, une quarantaine de logements seront construits. 

Le prix des loyers trop élevés

À Perros-Guirec (Côtes-d’Armor), les employeurs ont, eux aussi, du mal à recruter. Nathalie Martin, directrice d’une toute nouvelle thalassothérapie, a embauché 75 salariés. Mais elle recherche encore une quinzaine de personnes. "On refuse du monde parce qu’on manque de thérapeutes par exemple et on en a besoin en thalasso, donc c’est ça qui est dommage, on vient d’ouvrir et on est déjà obligé d’arrêter les ventes par manque de personnel", déplore-t-elle. 

En cause, le manque de logements, mais surtout, comme dans nombre de stations balnéaires, le prix des loyers qui quadruple en période estivale. Line Dagout est gouvernante. Pour se loger, elle n’a trouvé qu’une solution temporaire. "Il y a beaucoup de propriétaires qui louent en saisonnier et il n’y a pas de logement à l’année. Pendant une période, on va vivre dans un camping-car à partir du mois de mai jusqu’à la fin de l’été", explique-t-elle.

Pour recruter, le propriétaire de la thalasso a, lui aussi, décidé de construire une trentaine de logements pour ses salariés. Un investissement de plusieurs millions d’euros, mais le financement n’est pas encore bouclé. "Ça coûte très cher, et ce n’est pas forcément très rentable. Aujourd’hui, avec l’inflation sur les matériaux, on a pris entre 20 et 25% sur le coût de construction. Les taux d’intérêts ont triplé. Si on ne fait pas ça, on n’est plus capables de faire tourner nos boutiques", déplore Julien Majou, propriétaire de la thalassothérapie Roz Marine. 

Des appartements loués exclusivement aux salariés à des tarifs inférieurs à ceux du marché qui resteront fixes toute l’année. 


L.T. | Reportage TF1 : Fabien Chadeau, Stéphane Deperrois

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