DOCUMENT LCI - "Je fais ça parce que c'est ma patrie" : ces Russes prêts défendre le pont de Crimée

par T.A. | Reportage LCI : Margot HADDAD, Anton DROBYCHEVSKY et Elena DABAK
Publié le 24 avril 2024 à 12h13

Source : TF1 Info

Le pont de Crimée, ou pont de Kertch, qui relie la péninsule annexée à la Russie depuis 2014, est un site crucial de la guerre en Ukraine.
La région est régulièrement ciblée par les forces ukrainiennes.
Une équipe de LCI s'est rendue sur place.

Un accès ultra-sécurisé

Le jour du reportage de notre équipe, deux missiles viennent d'être interceptés au-dessus de la structure, comme indiqué par les médias ukrainiens. Après deux heures d'attente à l'entrée du pont, nous cherchons à récolter des informations sur la radio russe locale. Rien ne filtre : le seul moyen de s'informer reste les chaînes cryptées du réseau Telegram. Quelques minutes plus tard, la circulation reprend doucement. Mais les douaniers demandent à fouiller le véhicule de nos journalistes et à vérifier leurs passeports. Tout doit être inspecté avant de les laisser entrer sur la péninsule.

Une région ultra-sécurisée, sur laquelle personne ne peut rentrer sans un laissez-passez indispensable pour rentrer sur le pont de Kertch. La nervosité des autorités est pourtant palpable. Ce joyau de Vladimir Poutine a été détruit en 2022 par un camion d'explosifs. Mais pour faire en sorte que cet échec passe inaperçu auprès de l'opinion publique russe, il a été reconstruit à la vitesse de l'éclair par le chef russe de la Crimée, Sergueï Aksionov. "Le pont de Kertch, c'est ce qui nous sauve la vie, c'est tout ce que je peux dire", souligne-t-il ainsi.

Une région cruciale entre mer Noire et mer d'Azov

Cette mégastructure est parfaitement située entre les deux mers cruciales de ce conflit – la mer Noire et la mer d'Azov – et permet de ravitailler le front en continu. En roulant vers la péninsule, il est possible d'observer très clairement l'intérêt stratégique de ce territoire. 

Dans les eaux de la mer Noire, Alexander Sacha, pêcheur de poissons en Crimée, a vu son quotidien changer depuis le début de la guerre. Les drones marins ukrainiens sont partout : chacune de ses missions peut s'avérer mortelle. "Quand on en voit un, on prévient tout de suite les gardes-frontières, précise-t-il. Mais parfois, c'est impossible de les éliminer, parce qu'ils sont blindés."

Faute de pouvoir exercer son métier à plein temps, il met ses compétences au service de la Russie. Après chaque retour sur la terre ferme, il échange sa combinaison de plongée contre un uniforme russe. "Je fais ça parce que c'est ma patrie, ma famille, justifie le pêcheur. Si je ne fais pas ça bénévolement, qui va le faire ?" Comme les Ukrainiens l'ont établi avec leur réseau d'espions bénévoles, l'armée russe s'appuie elle aussi sur un réseau bénévole d'informateurs patriotes, comme Alexander. 


T.A. | Reportage LCI : Margot HADDAD, Anton DROBYCHEVSKY et Elena DABAK

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