VIDÉO - Psychose en boîte de nuit : les témoignages glaçants de victimes des mystérieuses piqûres

Matthieu DELACHARLERY | Reportage "Sept à Huit"
Publié le 2 mai 2022 à 14h44, mis à jour le 2 mai 2022 à 16h36
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Source : TF1 Info

Au cours des dernières semaines, une soixantaine de faits de piqûres en boîte de nuit ou dans des festivals ont été signalés un peu partout en France.
Une équipe de "Sept à Huit" a recueilli les témoignages de plusieurs victimes, des jeunes femmes essentiellement.

Depuis le début du mois d'avril, les cas se comptent par dizaines. Et la psychose commence à gagner la jeunesse. Des nausées, des vertiges ou une vive douleur. Les victimes racontent avoir été piquées en boîte de nuit ou lors de festivals.  À ce stade, les autorités ont encore du mal à déterminer les contours et l'ampleur du phénomène. Mais la multiplication des témoignages sur les réseaux sociaux alimente la psychose chez les jeunes. Rose, 18 ans, fait d’interminables cauchemars. En Bac pro commerce, la jeune fille a été victime d'une mystérieuse piqûre il y a quinze jours, alors qu'elle passait la soirée en boîte de nuit à Rennes avec son petit ami et une copine. 

"Vers la fin de la soirée, sur les coups de 5 heures du matin, une femme est venue vers moi en me proposant d’aller danser. À ce moment-là, un homme est passé derrière moi. Je n’ai pas vu son visage. Et puis, c’est le back-out. Je ne me souviens de rien, raconte la jeune femme dans l'enquête de "Sept à Huit" à regarder en tête de cet article. Quand elle se réveille, Rose est allongée sur une des banquettes de la boîte de nuit. "J’avais la tête qui tourne. Je salivais énormément. Et je sentais comme des brûlures dans le bras. J’avais très envie de vomir. J’ai même craché du sang", se souvient-elle, encore sous le choc. 

Rose, comme les autres victimes, assure qu'elle n'avait pas bu avec excès. Lorsque les pompiers l'ont prise en charge, ils ont pu constater que l'adolescente avait une trace de piqûre sur le bras. La jeune fille, qui a déposé plainte, attend toujours les résultats d’analyse pour savoir si un produit lui a été injecté cette nuit-là.  Depuis le début avril, une centaine de faits similaires ont été constatés en France. Plusieurs régions sont concernées. Plusieurs cas ont notamment été signalés à Rennes et à Nantes, d'autres dans l'Hérault, l'Isère, en Haute-Garonne ainsi qu'en Dordogne.

Quelle est l’ampleur du phénomène ? S’agit-il de mauvaises plaisanteries ou d’agressions de prédateurs sexuels ? Quelles mesures les établissements de nuit prennent-ils pour assurer la sécurité de leurs clients ? Car jusqu'à présent, aucun suspect n’a été interpellé en France pour ces mystérieuses piqûres. Et les analyses n’ont pas révélé à ce stade la présence de drogue ni de tout autre produit. La multiplication des cas laisse, pour l'heure, les forces de l’ordre perplexes, alors que les témoignages sur les réseaux sociaux alimentent la psychose.

Agressions à la piqûre : des victimes témoignentSource : JT 20h Semaine

Laly est l'une des premières à avoir lancé l'alerte. En février dernier, alors qu'elle sort en boîte de nuit à Nantes avec des amis, la jeune femme a été victime de l'une de ces mystérieuses piqûres. "On était au fumoir en train de discuter. Je n’avais pas beaucoup bu ce soir-là. Et puis tout d'un coup, j’ai commencé à avoir mal à la tête et à sentir une douleur dans le bras. Je pensais, à cet instant, m'être cogné le bras. Je n’ai jamais pensé que ça pouvait être une piqûre", relate l'étudiante. Quatre jours plus tard, Laly tombe sur la publication d’une femme qui affirme, photo à l’appui, avoir été piquée avec une seringue dans une rue de Rennes. 

L'étudiante fait alors immédiatement le rapprochement avec l’ecchymose qu’elle a au bras. "Elle décrivait dans son message les mêmes symptômes que les miens". Paniquée, Laly se rend aux urgences et lance sans attendre l’alerte sur les réseaux sociaux. Sa vidéo a été vue près de 400.000 fois sur Twitter. Rapidement, une dizaine de femmes la contactent, pensant avoir été victimes, comme elle, de ces mystérieuses piqûres. La vague de témoignages sur les réseaux sociaux déferle rapidement dans les commissariats. 

Dans l’intégralité des faits qui nous ont été rapportés, il n’y a pas un seul cas dans lequel on nous rapporte ensuite la commission de faits d’agression sexuelle, voire même la tentative.
Le procureur de la République de Nantes, Renaud Gaudeul

Au tribunal de Nantes, on comptabilise 47 signalements, le nombre le plus élevé à ce jour en France. Le procureur de la République, Renaud Gaudeul, prend très au sérieux ces affaires, mais il peine encore à en comprendre le mobile. "Autant avec le GHB, on voyait bien le but de la manœuvre. Celui de commettre ensuite des agressions sexuelles extrêmement graves sur certaines de ces victimes. Dans le cas présent, ce n’est pas le cas. Dans l’intégralité des faits qui nous ont été rapportés, il n’y a pas un seul cas dans lequel on nous rapporte ensuite la commission de faits par exemple d’agression sexuelle, voire même la tentative. (...) Le phénomène existe. Mais le pourquoi et le comment restent à déterminer", explique-t-il. Du fait de l’absence de drogue, les faits sont qualifiés de "violence avec usage d'une arme" et les agresseurs encourent jusqu’à trois ans de prison.

Les victimes sont essentiellement des femmes, et parfois même mineures. C'est le cas de Sonia, 14 ans, qui a été piquée lors d'un festival de rap, au parc des expositions de Lorient, dans la soirée du 23 au 24 février. Sa mère l’avait autorisée à s’y rendre en étant accompagnée de sa grande sœur de 17 ans et d'une copine. "On pense à la drogue et aux maladies transmissibles par le sang. Le VIH, les hépatites... Les médecins disent qu’elle va bien. Mais on panique (...)  On laisse ses enfants aller à un concert et on n’imagine qu’il puisse leur arriver du mal", déclare-t-elle, avant de s'effondrer en larmes. Cette nuit-là, 25 personnes ont reçu une piqûre. Mais, comme à chaque fois, aucune trace de produit toxique n’a été retrouvé dans leur organisme. "On finit par devenir totalement parano", confie, encore traumatisée, l'adolescente, 

J’ai commencé à avoir chaud et le regard qui devient trouble. Je n’avais plus aucune force. Il a commencé à me caresser, à me toucher la poitrine et à m’étrangler.
Clara, 21 ans, une victime

Parmi la centaine de personnes ayant fait un signalement à ce jour, Clara, 21 ans, est la seule à avoir été violée après l'une de ces mystérieuses piqûres. Le 28 novembre dernier, la jeune femme rentrait seule à son domicile quand elle a croisé un homme dans la rue. "Quand je suis passée devant lui, il m'a attrapé le bras et m'a retenu brutalement avant de me piquer. Je n’ai pas eu le temps de réagir. Ensuite, j’ai vu qu’il mettait une seringue dans sa poche. J’ai commencé à avoir chaud et le regard qui devient trouble. Je n’avais plus aucune force. Il a commencé à me caresser, à me toucher la poitrine et à m’étrangler. Ensuite, c'est le trou noir complet", raconte la jeune femme. Les analyses n'ont révélé la présence d'aucun produit toxique dans son sang.

Face à l'ampleur du phénomène, certains patrons de discothèques ont pris des mesures. À L’usine à gaz, un établissement de nuit à Béziers, les contrôles ont été renforcés. Au moment de la fouille, les vigiles regardent y compris dans le sac à main des demoiselles. Benoît Bienvenu, le patron de la discothèque, a dû gérer deux soirées où des clients ont été piqués. Pour assurer la sécurité de ses clients, il a décidé d'installer un nouveau système de surveillance. Coût de l'investissement, 20.000 euros. "Lorsqu’on a procédé à la recherche d’individus, les images n’étaient pas suffisamment nettes. J’ai pris tout de suite la décision d’investir dans un système plus performant. Avec une qualité d’images comme celle-ci, ça nous donne la possibilité de les identifier", espère-t-il.


Matthieu DELACHARLERY | Reportage "Sept à Huit"

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