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Législatives : le programme de la Nupes comporte-t-il 30 fois le mot "interdire" et 20 fois le mot "taxer" ?

Publié le 6 juin 2022 à 14h38, mis à jour le 6 juin 2022 à 15h13

Source : TF1 Info

Emmanuel Macron a affirmé jeudi que le programme de la Nupes comprenait "20 fois le mot taxation et 30 fois le mot interdiction".
Un argument repris par les membres du parti présidentiel, dont Amélie de Montchalin et Christophe Castaner.
Nous avons passé au crible le programme défendu par Jean-Luc Mélenchon et ses alliés.

Le parti présidentiel passe à l'offensive. Menacé par la Nupes, Emmanuel Macron a changé de stratégie. Dans une interview accordée à la presse régionale ce jeudi 2 juin, le chef de l'État a regretté que le programme porté par Jean-Luc Mélenchon comprenne "20 fois le mot taxation et 30 fois le mot interdiction". Un argument massue, asséné depuis par les ministres et les élus du parti présidentiel invités sur le plateau. "Avec la régulation soviétique proposée par Jean-Luc Mélenchon (…) soit tout sera interdit, soit tout sera organisé", a ainsi affirmé Christophe Castaner ce lundi 6 juin.

 La veille, c'est Amélie de Montchalin qui reprenait le chiffre d'Emmanuel Macron, tout en grossissant un peu le trait. Invitée du Grand Jury, la nouvelle ministre de la Transition écologique a décrit le projet du candidat au poste de Premier ministre comme un "projet communautariste et autoritaire", citant notamment "son rapport à liberté". Il utiliserait "35 fois le mot 'interdire' et 25 fois le mot 'taxer'" dans son projet. Derrière ces éléments de langage, quelle réalité ? 

32 interdictions, dont 14 pour défendre l'environnement

Nous avons regardé. Et il y a même 41 occurrences du mot "interdiction" ou du verbe "interdire" à travers les 92 pages du projet de la Nupes. Cela dit, dans certains cas, il s'agit de règles déjà en place, que l'Union populaire écologique et sociale souhaite "réellement" ou "immédiatement" mettre en application. C'est par exemple le cas pour l'obsolescence programmée ou encore le plastique à usage unique. 

D'après nos recherches, il y a au total 32 "nouvelles" interdictions, comme celles sur les "licenciements boursiers" et les "licenciements économiques par les entreprises qui versent des dividendes ou recevant des aides publiques". Mais que nous apprend cette donnée quantitative sur la nature prétendument "autoritaire" de ce projet ? Pas grand-chose. Car sur ces 32 propositions, près de la moitié (14) se trouvent dans le seul chapitre sur "l'écologie, la biodiversité, le climat, les biens communs et l'énergie". Ces mesures visent par exemple à prohiber les publicités des produits et services les plus émetteurs de gaz à effet de serre, le dépôt de prospectus publicitaires commerciaux dans les boîtes aux lettres ou encore les additifs alimentaires et les pratiques de chasse. 

Quant au mot "taxer" et ses variantes, il apparaît 20 fois au total. Mais, là encore, il ne s'agit pas seulement de nouveaux impôts. Le programme propose par exemple de "supprimer la flat tax" ou de "baser la taxation des entreprises" sur "l'activité effectivement réalisée en France". Parfois, une même proposition apparaît deux fois, notamment lorsqu'il s'agit de mesures reprises dans les pistes de réflexion pour l'Union européenne. Et on peut également trouver l'usage du mot pour mettre en avant l'utilisation de certaines taxes déjà appliquées. En réalité, à travers son projet, la Nupes souhaite sept "nouvelles" taxes ou renforcement de taxes existantes. La quasi-totalité d'entre elles figurent au chapitre sur le "partage des richesses" et la "justice fiscale". 

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Felicia SIDERIS

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