Yvelines : ses voisins ne veulent pas de ses vaches dans son pré, un éleveur menacé par une lettre anonyme

par A.B.
Publié le 8 février 2023 à 13h51, mis à jour le 8 février 2023 à 13h58

Source : Sujet TF1 Info

Un agriculteur a reçu, le 5 février dernier, une lettre de ses "voisins".
Ces derniers s'opposent à l'installation de vaches sur un terrain de la commune d'Adainville dans les Yvelines.
Ils assurent qu'ils s'opposeront "par les voies légales" si l'éleveur persistait dans son projet.

"Une ruralité lourde et déplaisante qui n'a plus sa place ici". Alors que les affaires de conflits de voisinage autour de la campagne se multiplient ces dernières années en France, un agriculteur d'Adainville, dans les Yvelines, est confronté à la colère de certains habitants de la commune. 

Ce professionnel, qui a acheté des terrains pour se consacrer à l'élevage de vaches, a découvert le 5 février dernier à son domicile une lettre signée de ses "voisins" le menaçant de poursuites s'il installait ses animaux dans les prés. Le dernier épisode d'un conflit qui dure depuis 2020.

"Une forme d'élevage rétrograde et cruelle"

Il y a deux ans, après avoir obtenu les autorisations pour s'installer, l'éleveur a déjà dû faire face à un recours de trois riverains. Il avait alors enchaîné les procédures en référé, devant le Conseil d'État ou encore le tribunal administratif, avant d'obtenir gain de cause en janvier 2022, rappelle le site Actu.fr. Les juges avaient, à ce moment-là, estimé que le projet de l'éleveur ne "portait pas atteinte au voisinage" écartant également la question des "nuisances sonores, olfactives ou sanitaires". 

Si l'agriculteur pensait alors pouvoir exercer son activité, la lettre anonyme découverte sur la table de sa cuisine semble relancer le conflit. Publiée sur Twitter par son avocat, elle est signée de "voisins" qui se disent "farouchement opposés à l'installation de vaches sur les terrains" que l'éleveur a achetés à Adainville. Des "prés dévolus au foin depuis des décennies" et qui forment "un environnement agréable et paisible le long duquel il est doux de se balader", détaille la lettre. 

Dans le courrier, les plaignants disent vivre "dans ce secteur particulier en lisière de forêt de Rambouillet" et l'avoir choisi "pour la qualité de son environnement, entre prés à foin et prés à chevaux, qui représentent une forme d'agriculture et d'élevage délicate, propre et sereine". Ils dénoncent l'installation de vaches dans ces champs qui "représenterait un retour à une ruralité lourde et déplaisante qui n'a plus sa place ici". "C'est une forme d'élevage rétrograde et cruelle, destinée à l'abattoir, qui va totalement à l'encontre de l'évolution des mœurs et des consciences vers moins de cruauté, et moins de viandes rouges dans les assiettes pour une meilleure santé humaine".

Des conflits qui se multiplient

Les signataires anonymes de la lettre suggèrent ainsi à l'éleveur de "continuer à faire du foin comme cela se fait depuis longtemps, ou louer ces espaces pour les pensions de chevaux au pré qui sont très demandées". Ils proposent également à l'agriculteur d'installer "des moutons" qui selon eux représentent "un voisinage plaisant et procurent du lait (sic) et de la laine sans avoir à les massacrer". Pour montrer leur détermination, les auteurs du courrier affirment qu'ils s'opposeront "par les voies légales" si l'éleveur de vaches persistait dans son projet, avant d'espérer qu'il trouvera "des options d'exploitation qui s'inscrivent dans l'esprit et l'harmonie de cet environnement". 

La lettre, largement commentée sur Twitter, représente ainsi le dernier épisode en date des conflits qui opposent désormais ceux que l'on appelle les "néoruraux" et les habitants locaux. Par exemple, en 2021, dans le Puy-de-Dôme, un nouvel habitant avait lancé une pétition pour que les cloches de l’église de la commune ne sonnent plus. En Vendée, face aux plaintes, un maire s’est décidé à installer une pancarte qui conseille de passer son chemin si on ne supporte pas le bruit provoqué par les enfants, les vaches, les coqs, les cloches ou encore les loups.


A.B.

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