Arnaque aux faux bitumeurs : "Si vous disposez d'une maison avec une allée, vous pouvez être une victime"

par V. F | Reportage TF1 : Perrine Mislange, Elsa Assalit et Jean-Marc Lucas
Publié le 30 avril 2024 à 7h00, mis à jour le 30 avril 2024 à 9h55

Source : JT 20h Semaine

C'est un piège redoutable : des individus se présentent devant votre porte et vous proposent, moyennant une somme modique, de refaire votre allée, votre parking ou votre terrasse.
Mais attention, ce sont en fait des escrocs qui, une fois les travaux effectués, vous réclament des sommes astronomiques.
Regardez cette enquête du 20H de TF1.

L’offre était très alléchante. Mais Pierre, gérant d’une entreprise de contrôle technique à Castelnaudary, a bien failli se faire arnaquer. Il y a deux semaines, quatre hommes dans un camion immatriculé au Royaume-Uni débarquent avec une proposition. "Un camion de goudron est arrivé sur le parking avec un chauffeur qui me signale : 'Vous avez trois trous sur le parking, nous pouvons reboucher les trous'. Je lui dis : 'oui, ok, mais combien ça va me coûter ?' Et il me dit : 'pour 500 euros is good'", raconte-t-il dans le reportage du 20H de TF1 ci-dessus. 

Après quelques heures de travaux, le ton change. Les goudronneurs lui réclament 11.000 euros. Il refuse. "Ils m'ont vraiment collé en me disant : 'Toi, tu fais le virement de suite'. C'était plus des menaces que de la gentillesse", assure-t-il. Le gérant n’a pas eu le temps d'appeler les gendarmes. Alertés par les bruits, les entrepreneurs voisins ont fait fuir les faux artisans. 

On subit une pression qui nous donne juste envie quelque part de payer pour vraiment se débarrasser
Luc Broutin, artisan à Ricaud (Aude)

Une arnaque et des menaces dont Luc Broutin dit, lui aussi, avoir été victime. Cet artisan a été démarché directement devant sa maison. "Ils devaient finir leur béton et leur gravier parce que sinon ça allait sécher, qu'ils allaient tout perdre", dit-il. Mais les travaux à peine terminés, des premiers signes de malfaçons apparaissent. "Au bout de deux jours, de l'herbe a repoussé dessous le goudron. Et tout ça en deux jours seulement", poursuit-il.

Sur la facture, il constate par ailleurs des fautes d'orthographe aussi énormes que "duvis" ou "tavaux". Pas de TVA, des ratures, autant de signes qui auraient pu alerter et un montant exorbitant de 23.000 euros que Luc Broutin refuse, lui aussi, de payer. Depuis, les appels sont incessants. "En huit minutes, j'ai eu quinze appels et des messages sur WhatsApp. C'est du harcèlement et honnêtement, à l'intérieur, je commence à bouillir, à ne pas me sentir bien. On subit une pression qui nous donne juste envie quelque part de payer pour vraiment se débarrasser", admet-il.

Les victimes ont transmis à TF1 un numéro de téléphone. Nous avons pu joindre l'entreprise de goudronnage basée aux Pays-Bas. Un dénommé William explique qu'il venait travailler en France pour la première fois. Il assure qu'un devis a bien été signé avant le début des travaux. "Luc connaissait le prix. Il était au courant de ce qu'on allait faire et il a donné son accord. Et maintenant que c'est fini, il ne veut pas payer. Pourquoi c'est moi qui passe pour un arnaqueur ?", affirme-t-il. Un discours bien rodé et un comportement proche du chantage identifié par la gendarmerie nationale. 

Les escrocs arriveraient en France par petits groupes, souvent en famille. "Ensuite, ils essaiment toute la France. Par exemple, ils vont aller dans une région donnée et une fois que l'activité aura bien marché, ils se déplaceront vers une autre région où ils ne sont pas forcément connus. On est plutôt dans des zones rurales. Si vous disposez d'une maison avec une allée, vous pouvez être une victime", souligne le colonel Emmanuel Pham Hoai, chef de la division des opérations au service central du renseignement criminel à la gendarmerie nationale.

Pour éviter les arnaques, David Porterie, gérant d'une société de goudronnage dans le Gers, recommande de ne pas répondre au démarchage. Les entrepreneurs, les vrais, ont le plus souvent un cahier de rendez-vous très chargé. "Aujourd'hui, dans notre métier, si vous n'avez pas un calepin, six mois d'avance ou même jusqu'à un an d'avance, c'est que votre entreprise est un peu louche", explique-t-il. Autre recommandation : il faut toujours signer un devis avant le début des travaux. 


V. F | Reportage TF1 : Perrine Mislange, Elsa Assalit et Jean-Marc Lucas

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