Verif'

8% des logements français sont-ils vacants ?

Publié le 25 octobre 2023 à 15h00

Source : JT 20h Semaine

Une députée socialiste déplore les difficultés rencontrées par les étudiants pour se loger.
Cette situation est d'autant plus difficile à tolérer, selon elle, que l'on compterait 8% de logements vacants en France.
Un chiffre avancé par l'Insee, mais qui ne reflète pas le volume de logements qui sont exclus durablement du marché et non occupés.

Des "mesurettes". Voici la manière dont la députée socialiste Fatiha Keloua Hachi décrit les initiatives gouvernementales afin de favoriser l'accès au logement. L'élue de Seine-Saint-Denis interpelle ainsi la ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche, inquiète de la précarité dans laquelle se trouve nombre d'étudiants français. Nombre d'entre eux, assure-t-elle, "dorment dans la rue ou leur voiture". Si cette situation inquiète la parlementaire, elle ne lui semble pour autant pas inéluctable. Et pour cause : en France, "8 logements sur 100 sont vides", assure-t-elle. Un chiffre à fortement nuancer.

3,1 millions de logements officiellement vacants

Dans son édition 2022 des "chiffres clés du logement", le ministère de la Transition écologique a mis en avant les chiffres les plus récents relatifs aux logements vacants. Ils étaient "3,1 millions en France (hors Mayotte)" début 2021, découvre-t-on, "ce qui correspond à un taux de vacance de 8,3%". Les données Insee nous apprennent par ailleurs que "le nombre de logements vacants a fortement progressé entre 2006 et 2016, avec un taux de croissance maximal en 2009 (+4,9% sur l'année). Depuis, ce taux est passé sous les 2% et s'établit à +1,3 % en 2021, suivant un rythme significativement supérieur à celui des résidences principales (+ 0,6%)."

Le taux de croissance des logements vacants a retrouvé des niveaux modérés, après une hausse majeure au milieu des années 2000.
Le taux de croissance des logements vacants a retrouvé des niveaux modérés, après une hausse majeure au milieu des années 2000. - Ministère de la Transition écologique / Insee

Toujours selon l'Insee, "la majorité des logements vacants (60%) se situent dans une commune hors unité urbaine ou dans une unité urbaine de moins de 100.000 habitants", autrement dit dans des villages ou des villes moyennes. On note que "la part des logements vacants hors unité urbaine s’est réduite par rapport au début des années 1980, passant de 30% en 1982 à 25% en 2021, tout comme la part de logements vacants au sein de l’unité urbaine de Paris, passant de 17% à 13%". Dans le même temps, "la part des logements vacants dans les unités urbaines de moins de 100.000 habitants a augmenté, passant de 29% en 1982 à 35% en 2021".

Cette proportion de logements vacants interpelle, a fortiori lorsque les médias la comparent aux chiffres relatifs aux sans-abri. Ces derniers sont estimés à environ 330.000 par la fondation Abbé Pierre, soit presque 10 fois moins que le nombre de lieux de vie n'étant pas occupés.

Des chiffres aux multiples limites

Si les statistiques publiques semblent donner raison à la députée Fatiha Keloua Hachi, elles nécessitent d'être évoquées avec une certaine prudence. En effet, la définition même d'un logement vacant fournie par l'Insee met en avant une série de limites. Les autorités le décrivent comme un "logement inoccupé et habitable immédiatement", précisant que "lors du recensement de la population, un logement est classé vacant si l'enquêteur ne peut entrer en contact avec l'occupant" et "dans la mesure du possible, qu'une enquête de voisinage indique que le logement est inoccupé". 

En pratique, "il peut s’agir d’un logement proposé à la vente ou à la location, d’un logement déjà attribué à un acheteur ou un locataire et en attente d'occupation", observe l'Insee. Mais aussi "d’un logement en attente de règlement de succession, d’un logement conservé par un employeur pour un usage futur au profit d'un de ses employés ou encore d’un logement gardé vacant et sans affectation précise par le propriétaire". 

On comprend ainsi que parmi les plus de 3 millions de logements vacants en France, seule une partie demeure inhabitée de manière durable. Un appartement en cours de rénovation par son propriétaire ne serait par exemple pas habitable par une personne dans le besoin, bien qu'il soit dans les chiffres classés parmi les "vacants". Quid, dès lors, des logements durablement vacants et potentiellement mobilisables ? Les données manquent, ou se révèlent anciennes. 

Les derniers travaux qui ont tenté d'évaluer leur proportion remontent à 2016. À l'époque, un épais rapport de l'Inspection générale des finances et du Conseil général de l’environnement et du développement durable jugeait "le parc privé de logements durablement vacants [...] surestimé". Il y a 8 ans, les auteurs tablaient plutôt sur 140.000, bien loin de ce que suggéraient les données publiques. Le "gisement mobilisable de logements vides est marginal", résumait le document de synthèse.

Vous souhaitez nous poser des questions ou nous soumettre une information qui ne vous paraît pas fiable ? N'hésitez pas à nous écrire à l'adresse lesverificateurs@tf1.fr. Retrouvez-nous également sur Twitter : notre équipe y est présente derrière le compte @verif_TF1LCI.


Thomas DESZPOT

Tout
TF1 Info