Encéphalite à tiques : qu'est-ce que cette maladie qui gagne du terrain en France ?

Publié le 8 juillet 2023 à 17h08

Source : JT 13h Semaine

L'encéphalite à tiques gagne du terrain en Europe et en France.
Dans l'Hexagone, 71 cas ont été signalés depuis 2021.
Les zones touchées sont de plus en plus vastes.

C'est une maladie relativement récente en France, mais qui prend de l'ampleur. Vendredi 7 juillet, Santé publique France (SPF) a publié son premier bilan concernant l'encéphalite à tiques. Selon les chiffres, 71 cas d'infection au virus ont été signalés depuis 2021, avec de plus en plus de départements touchés. Si elle se transmet principalement via les tiques, la maladie peut également circuler via des ruminants infectés. Généralement pas mortelle, elle peut toutefois avoir de lourdes conséquences sur le long terme. TF1info fait le point sur ce que l'on sait de l'encéphalite à tiques.

Comment s'attrape la maladie ?

L'encéphalite à tiques est une maladie virale transmise, comme son nom l'indique, essentiellement par la piqûre de tiques. La période d'infection s'étale du printemps à l'automne, durant la période d'activité de l'acarien. Il existe trois sous-types de virus, pointe SPF : le sous-type oriental, dans les régions de l'est de l'ex-URSS et le sous-type sibérien, les deux plus graves qui provoquent des troubles neurologiques sévères avec une mortalité élevée. Le troisième est le sous-type occidental, le seul présent en France, beaucoup moins grave et dont l'évolution est "plutôt favorable", détaille l'Institut Pasteur.

Outre la piqûre d'une tique, il est également possible d'être infecté par des ruminants contaminés, notamment en consommant du lait cru contaminé ou un de ses dérivés, en provenant des chèvres, des brebis et des vaches. Une modalité de transmissions qui reste toutefois assez rare, pointe l'Institut Pasteur.

Quels sont les symptômes et comment les traiter ?

Concernant le type de virus présent en France, les symptômes apparaissent une à deux semaines après la morsure et ressemblent à ceux "d'une grippe" ou "d'un syndrome méningé bénin", détaille l'Institut, avec fièvre, maux de tête et douleurs des muscles et des articulations. À noter que la maladie est plus sévère chez l'enfant que chez l'adulte. Une fois les premiers symptômes apparus, 20 à 30% des malades développent des symptômes dus à une atteinte du système nerveux central qui se manifeste par une prostration ou de l'agitation, des tremblements, des troubles du comportement, des troubles de la vigilance, parfois des convulsions ou le coma. 

Si un développement très grave de la maladie reste rare - le taux de décès des suites d'une infection est de moins de 1%, détaille SPF - 40% des personnes infectées peuvent garder des séquelles durant plusieurs années, et notamment une paralysie des épaules et des bras. 

Si aucun traitement spécifique n'existe, il est possible de se faire vacciner. Pour le moment, en France, le vaccin n'est pas recommandé, mais les personnes voyageant dans des zones endémiques où la maladie est de type orientale peuvent recevoir des injections de Ticovac ou d'Encepur pour les enfants à partir de l'âge de 12 ans. Le meilleur moyen de protection reste donc, dans l'Hexagone, le port de protection contre les piqûres de tiques (vêtements longs et examen de la peau au retour de forêt).

Quelles sont les régions les plus exposées ?

Avec ses 71 cas recensés en deux ans, l'encéphalite à tiques reste rare en France, au contraire d'une autre maladie transmise par les parasites, la maladie de Lyme. Toutefois, elle semble se répandre petit à petit : 30 cas ont été rapportés en 2021, 36 en 2022 et 5 depuis le début de l'année 2023. Dans le détail, 86% des cas étaient "autochtones" (61 cas) et 14% étaient des personnes infectées dans un pays à risque (10 cas). Sur ces cas, quatre étaient des enfants de moins de 16 ans et 15 étaient des adultes âgés de plus de 65 ans. 94% des personnes infectées ont été hospitalisées, mais aucun décès n'a été recensé. 

La Haute-Savoie est le département qui a rapporté le plus de cas au cours des deux dernières années, "alors que la reconnaissance du virus y est beaucoup plus récente" que dans l'autre département touché par la maladie, l'Alsace. SPF pointe également que la région Auvergne-Rhône-Alpes est "dorénavant une zone importante de circulation du virus" avec des "massifs particulièrement à risque, tels que le Forez". Santé publique France va par ailleurs mener une surveillance particulière sur le sud de l'Ardèche. 

Plus globalement, à travers le monde, de 5000 à 13.000 cas sont rapportés chaque année de l'Europe du nord au Japon et à la Chine. En Europe, les pays les plus touchés sont la République tchèque, l'Allemagne et les pays baltes. La maladie pourrait par ailleurs se développer avec la prolifération des tiques sur de plus longues périodes en Europe en raison du changement climatique dû aux activités humaines, qui, en modifiant l'humidité et les températures saisonnières, permet aux populations de coloniser des habitats à plus haute altitude, de nouveaux pays ou de nouvelles régions.


Annick BERGER

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