Grève des taxis : qu'est-ce que la réforme du transport des malades qui les exaspère ?

par Hamza HIZZIR | Reportage TF1 Henri Dreyfus, Noëlle Ly, Charif Souary
Publié le 4 mars 2024 à 15h43, mis à jour le 4 mars 2024 à 17h02

Source : JT 13h Semaine

Ce lundi 4 mars, les chauffeurs de taxi se mobilisent un peu partout en France pour la cinquième fois en trois mois.
Ils dénoncent la "nouvelle tarification insoutenable imposée par l’Assurance maladie".
En cause : la réforme du transport sanitaire, incluse dans la dernière loi de finances de la Sécurité sociale.

"On a vu qu’avec les agriculteurs, le gouvernement avait plié. Alors on se dit pourquoi pas avec nous aussi ?" Ce lundi 4 mars, comme nombre de ses collègues chauffeurs de taxi, Ludivine Gravel roule au pas sur l’autoroute pour créer un embouteillage (une opération escargot, dans le jargon), mais surtout dans l’espoir que leurs revendications soient entendues. Voilà maintenant trois mois que la profession est mobilisée contre la réforme du transport sanitaire "Ils veulent qu’on mette trois ou quatre personnes dans la voiture et ne payer qu’un voyage au lieu de trois ou quatre. C’est impossible", formule une chauffeuse toulousaine en colère, interrogée par TF1 dans la vidéo du 13H en tête de cet article. De quoi s’agit-il exactement ?

De la volonté du gouvernement de réduire de 100 millions d'euros par an, entre 2025 et 2027, le coût des trajets médicaux en taxi conventionné pour la Sécurité sociale. En conséquence de quoi, une mesure a été inscrite à l’article 30 du projet de loi de financement de la Sécurité sociale, adopté mercredi 6 décembre à l’Assemblée via le 49.3, prévoyant de privilégier le co-voiturage lors des transports sanitaires programmés "s’il est compatible avec l’état de santé du patient". Lequel, en cas de refus, devra payer une partie des frais normalement pris en charge par la Sécurité sociale (55% du prix de la course actuellement, le reste étant pris en charge par les mutuelles).

Le coût d'un transport partagé est, selon les chiffres inclus dans le projet de loi de finances, "inférieur de 15 à 35 % par trajet, selon le nombre de patients transportés concomitamment", le gouvernement estimant que "les transports partagés ont ainsi permis de réduire de 34 millions d’euros les dépenses de l'Assurance maladie" rien que sur l’année 2022 (sur un coût total de 5,5 milliards d’euros), en plus d’"améliorer la réponse aux besoins de transport en permettant, de fait, une augmentation de l'offre de transports sanitaires à nombre de véhicules constants".

La FNAT et de la FNDT, deux des principales organisations syndicales des chauffeurs de taxi, qui ont appelé à l’actuelle mobilisation, répondent, par voie de communiqué, qu'outre la "dépendance" financière de nombreux chauffeurs à ce mode de transport dans certaines régions, "l’organisme social méprise la réalité du secteur" parce qu’"il est devenu de plus en plus difficile pour les patients de réserver des courses de taxis conventionnés pour le transport de malades assis", ce qui constitue, selon eux, un "manquement grave de l’État à son devoir de garantir l’accès aux soins".

"Transporter un malade, ce n’est pas transporter un colis. Le chauffeur a une obligation d’accompagnement : il vient vous chercher dans votre chambre d’hôpital, s’assure que vous rassembliez vos affaires, vos ordonnances et vous raccompagne avec vos sacs sous le bras, en vous aidant jusqu’au cinquième étage de votre immeuble s’il le faut", ajoute le président de la FNAT Bernard Crebassa, en pointant que ce "temps de travail" n’est, de fait, "pas rémunéré". Entre 2018 et 2023, le nombre de transports sanitaires en France a augmenté de 30%, atteignant 65 millions de trajets l'année dernière.


Hamza HIZZIR | Reportage TF1 Henri Dreyfus, Noëlle Ly, Charif Souary

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