Dette : la France sauve sa note "AA" attribuée par Standard & Poor's

par A.B. avec AFP
Publié le 2 juin 2023 à 22h16, mis à jour le 3 juin 2023 à 7h06

Source : TF1 Info

S&P a décidé de ne pas dégrader la note de l'Hexagone ce vendredi.
L'agence de notation a décidé de "faire confiance" à la résilience de l'économie française.
Un avertissement sans frais pour l'exécutif qui doit désormais prouver son aptitude à réformer.

Elle était attendue avec anxiété par le gouvernement. Finalement, l'exécutif écope d'un avertissement sans frais. L'agence S&P Global a décidé, vendredi 2 juin, de ne pas dégrader la note de la France, maintenant sa précédente notation "AA". Un soulagement pour l'Hexagone après la sanction d'avril dernier, lorsque Fitch - l'une des trois agences de notation américaines les plus influentes avec S&P et Moody's - avait décidé de dégrader la note française à "AA-". 

Pour justifier sa décision, S&P a invoqué une amélioration prévue de la situation budgétaire, grâce notamment à la réforme des retraites. "Cela est principalement dû à la révision de la stratégie de consolidation budgétaire du gouvernement", écrit l'agence de notation, en citant comme faits positifs, outre la réforme des retraites, la fin programmée des aides énergétiques à la faveur de la baisse des prix des hydrocarbures. La note AA figure parmi les plus hautes catégories de notation, signifiant une forte capacité à pouvoir rembourser ses dettes.

Maintien d'une perspective "négative"

Si la décision de S&P est une bonne nouvelle, les tractations de ces dernières semaines sonnent comme un avertissement pour le gouvernement. Le ministre de l'Économie Bruno Le Maire a d'ailleurs immédiatement "pris acte de la décision" de l'agence, dans une interview au JDD, y voyant un "signal positif" tout en promettant "sa fermeté la plus totale, dans la poursuite de la stratégie de réduction des déficits".

Il faut dire que les agences de notation ont tour à tour averti la France sur l'effet délétère de la contestation sociale contre la réforme des retraites sur la capacité du gouvernement à poursuivre ses réformes économiques, indispensables pour maintenir la dette à un niveau acceptable. S&P a d'ailleurs maintenu sa perspective "négative" sur le pays, signifiant que l'Hexagone n'est pas à l'abri d'un abaissement lors de la prochaine évaluation. Une décision justifiée par les "risques" relatifs à l'exécution des projets gouvernementaux.

S&P Global pointe ainsi "l'absence de majorité absolue au Parlement français depuis la mi-2022, qui pourrait compliquer la mise en oeuvre des politiques, ainsi que des incertitudes au sein des économies mondiales et européennes, et des conditions de financement plus tendues". À l'avenir, l'agence souligne que "la fragmentation politique ajoute de l'incertitude sur la capacité du gouvernement à mettre en place des politiques favorables à la croissance économique et au rééquilibrage budgétaire".

L'agence s'inquiète également du fait que la dette publique de la France restera au-dessus de 110% du PIB dans la période 2023-2026, "avec un déficit budgétaire persistant, bien qu'en baisse". Face à ces commentaires, Bruno Le Maire a réaffirmé son souhait, dans le JDD, "d'accélérer le désendettement de la France, pour atteindre un niveau de 108% du PIB en 2027, et ramener le déficit public sous les 3% en 2027" alors qu'il a atteint 4,7% en 2022 et qu'il devrait légèrement remonter cette année à 4,9%.

La France surnotée ?

Les notes attribuées par les trois agences américaines servent à évaluer la dette des pays, les meilleurs élèves obtenant un "AAA" synonyme d'une excellente gestion. Les États les plus en difficulté se voient attribuer des notes de B à C, la lettre D étant réservée aux défauts de paiement. En avril dernier, Fitch avait d'ailleurs estimé que la France paraissait mieux notée qu'elle ne le méritait, détenant l'endettement le plus élevé des pays de la catégorie "AA" et présentant le double de l'endettement médian dans cette catégorie. Une singularité due à la confiance des investisseurs dans les "capacités économiques" de l'Hexagone.

Une confiance renouvelée ce vendredi par S&P qui n'a dégradé la note de la France qu'à deux reprises depuis le début de son évaluation du pays en 1975. C'est aussi la première à avoir retiré à l'Hexagone son emblématique "triple A" en 2011, dont un petit cercle bénéficient encore auprès des trois agences, à l'instar de l'Allemagne, des Pays-Bas et de l'Australie. Un abaissement d'une note par une agence de notation peu provoquer une perte de confiance des investisseurs envers un État, entraînant une hausse des taux d'intérêt d'emprunt. La révision à la baisse de la note de Fitch en avril n'avait toutefois pas réellement pesé sur les taux français.


A.B. avec AFP

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