Dette publique : pourquoi le verdict des agences de notation fait trembler le gouvernement ?

Publié le 21 mars 2024 à 13h13, mis à jour le 27 mars 2024 à 17h21

Source : Sujet TF1 Info

Dans les prochaines semaines, les agences de notation doivent se prononcer sur la situation budgétaire, et plus généralement économique, de la France.
Du fait des récentes difficultés en matière de déficit et de dette, le gouvernement craint que la note soit revue à la baisse.
Une perspective qui fait craindre de nouvelles difficultés.

Descendront ou ne descendront pas ? Le gouvernement attend avec une certaine anxiété les notes des agences de notation, qui doivent se prononcer dans les prochaines semaines sur la situation et les perspectives économiques de la France. Si la décision de DBRS est attendue dès ce vendredi, ce sont plutôt celles de Fitch (26 avril), Moody's (26 avril) et Standard & poor's (31 mai 2024) - qui, à elles trois, se partagent près de 93% du marché européen, selon un rapport de l'autorité européenne des marchés financiers - qui seront scrutées de près. Leurs notes, respectivement AA-, Aa2 et AA, lors des dernières annonces, pourraient être revues à la baisse. 

Il faut dire que le contexte économique difficile de la France rend l'incertitude, et la crainte d'un nouveau déclassement, d'autant plus grandes. En effet, l'Hexagone et les territoires d'Outre-mer doivent faire face à la baisse des prévisions de croissance (de 1,4 à 1% pour 2024), à un déficit public toujours élevé ("supérieur à 5%" du PIB en 2023, avec l'objectif de le ramener à 4,4% en 2024, a annoncé jeudi le ministre délégué chargé des comptes publics, Thomas Cazenave) et à une inflation toujours galopante. De fait, cela ne serait pas une surprise de voir la France reculer d'un cran. Mais que cela impliquerait-il ? 

Un mauvais signal pour les investisseurs

Pour comprendre les éventuelles conséquences d'une moins bonne note, il faut rappeler ce qu'elles signifient. "Les agences de notation sont des entreprises privées dont le rôle principal est de mesurer le risque de non-remboursement des dettes contractées par un émetteur, qu’il s’agisse d’entreprises ou, en l'occurrence, d’États", souligne le site La Finance pour Tous. Pour cela, les organismes établissent des notes, qui s'échelonnent du fameux AAA, qui récompense les meilleurs élèves, à C. La lettre D est réservée aux défauts de paiement. Ces dernières s'appuient sur de nombreux critères, comme les perspectives de croissance économique, l'évolution des dépenses publiques, la fiscalité, le poids de la dette. Certains sont plus subjectifs, à l'instar de l'estimation de la capacité à mener des réformes. 

Or, une baisse de la note auprès de ces agences est un mauvais signal auprès des investisseurs. C'est simple, plus la note est mauvaise, plus les prêteurs seront tentés de réclamer un taux d'intérêt plus élevé pour compenser les risques supplémentaires d'une dette jugée moins solvable. Dès lors, cela génère un cercle vicieux puisque les difficultés à emprunter peuvent devenir plus importantes, alourdissant de fait une charge déjà extrêmement lourde de la dette. Autrement dit, en se faisant prêter de l'argent à des conditions moins favorables, on augmente encore plus la dette publique (3088,2 milliards d'euros, soit 111,7% du PIB au troisième trimestre 2023). 

Vers une hausse d'impôts ?

Pour compenser le manque à gagner, l'exécutif sera amené à faire davantage d'efforts budgétaires, ce qui peut être ardu en raison de la situation à l'Assemblée nationale (seulement une majorité relative). Au bout du compte, cet engrenage infernal pourrait conduire à une hausse des impôts. L'exécutif refuse pourtant d'aller dans cette direction depuis plusieurs années mais pourrait être amené, sous pression, à faire volte-face en raison de la conjoncture actuelle. 

À noter tout de même, que les agences de notation, largement critiquées pour leur rôle en amont de la crise des subprimes (2007-2008), ne voient pas toujours juste. Leur crédibilité étant entamée, leurs recommandations ne sont pas non plus toujours suivies d'effets. Mais il ne fait aucun doute qu'à Bercy, on aimerait ne pas mettre à l'épreuve ce constat. 


Maxence GEVIN

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