Dette : pourquoi la France craint une nouvelle dégradation de sa note vendredi

par A.B. avec AFP
Publié le 1 juin 2023 à 23h03

Source : Sujet TF1 Info

L'agence de notation S&P Global doit rendre, vendredi 2 juin, sa note sur l'économie française.
Une échéance prise très au sérieux par le gouvernement, après le revers infligé par Fitch en avril.
Une nouvelle dégradation de la note de la France pourrait entraîner une hausse des intérêts d'emprunt du pays.

C'est une échéance que le gouvernement craint. L'agence de notation S&P Global - anciennement Standard and Poor's - doit rendre vendredi 2 juin son évaluation de l'économie française et notamment sa capacité à rembourser sa dette et ses emprunts contractés. Un rendez-vous pris très au sérieux par l'exécutif soucieux d'afficher politique économique solide et sérieux budgétaire. D'autant qu'en avril dernier, l'agence Fitch - l'une des trois agences de notation américaines les plus influentes avec S&P et Moody's - avait dégradé la note de la France. 

Si le ministre de l'Économie Bruno Le Maire a jugé "convaincants" ses "bons arguments" développés devant S&P, rien ne laisse présager de la décision de l'agence de notation. Elle pourrait dégrader la note de la France à "AA-" ou ne rien publier, ce qui représenterait alors un maintien de la note française inchangée. 

La France trop bien notée ?

Outre cette note, Paris va scruter avec attention les commentaires publiés par S&P, alors que les agences ont récemment mis en avant l'effet délétère de la réforme des retraites et de la contestation sociale sur la capacité du gouvernement à poursuivre les réformes économiques, pourtant vantée par l'exécutif depuis six ans. Fin avril, Fitch a mis en avant "l'impasse politique" du gouvernement pour justifier sa dégradation à "AA-", et Moody's le "faible mandat" dont dispose le gouvernement dans un commentaire qui n'a toutefois pas donné lieu à une dégradation de la note.

En avril dernier, Fitch avait estimé que la France paraissait mieux notée qu'elle ne le mériterait, détenant l'endettement le plus élevé des pays de la catégorie "AA" et présentant le double de l'endettement médian dans cette catégorie. Une situation qui s'explique par la "certaine confiance" des agences de notation vis-à-vis de l'économie française. De son côté, S&P note la France depuis 1975 et ne l'a dégradée qu'à deux reprises. C'est aussi la première à avoir retiré à l'Hexagone son emblématique "triple A" en 2011, meilleure note possible et symbole d'une excellente gestion, dont un petit cercle bénéficient encore auprès des trois agences, à l'instar de l'Allemagne, des Pays-Bas et de l'Australie.

Si ces notes sont scrutées avec autant d'attention, c'est qu'elles peuvent avoir des effets majeurs pour les pays. Pour la France, une deuxième dégradation à "AA-" pourrait entraîner une augmentation des intérêts d'emprunt français auprès des investisseurs, ces derniers réclamant davantage pour consentir à prêter à Paris. Problème : les taux d'intérêt d'emprunt à 10 ans sont déjà à des plus hauts niveaux depuis 11 ans en raison des hausses de taux de la Banque centrale européenne pour tenter de maintenir l'inflation dans la zone euro, entraînant mécaniquement une remontée des taux d'emprunt des États dans la région.


A.B. avec AFP

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