Piqûres en boîte de nuit : des enquêtes partout en France mais une épaisse fumée de mystère

Benoit Leroy | Reportage : Julien Cressens, Florence de Juvigny
Publié le 29 avril 2022 à 9h45

Source : JT 20h Semaine

Plusieurs dizaines de personnes affirment avoir subi une agression à la piqûre dans plusieurs villes de France.
Aucun produit n'a pu être retrouvé dans les analyses réalisées.
Le 20H de TF1 a mené l'enquête.

Que ce soit dans une boîte de nuit grenobloise, une salle de spectacle nantaise ou une discothèque à Béziers, les témoignages affluent de la France entière, depuis février dernier. À chaque fois, le récit est similaire : une sensation de piqûre, un malaise plus ou moins important et, parfois, une perte de mémoire.

Manon en a été victime au début du mois d'avril, dans l'Hérault. Elle fête alors l'obtention de son permis de conduire, lorsqu'elle sent subitement l'aiguille d'une seringue au niveau de son épaule droite. "On est descendu de la scène, on a regardé et je n'avais aucune trace", explique-t-elle dans le reportage du 20H de TF1 en tête de cet article. Ce n'est que le lendemain qu'elle découvrira la marque rouge. Il s'agit bel et bien d'une piqûre, lui confirmera son médecin. 

Dans le même établissement, une dizaine d'autres personnes ont subi le même sort. Dans la foulée, le gérant de cette discothèque biterroise a fait installer une quinzaine de caméras. Depuis, aucune nouvelle agression n'a été recensée. Coût de l'installation : environ 20.000 euros.

Des dizaines agressions aux motifs nébuleux

À Nantes, où les premiers signalements datent de février, les analyses toxicologiques n'ont rien donné. On ne découvre aucune trace de produits toxiques, épaississant d'autant plus le mystère. "Sur l'ensemble des faits rapportés, il n'y en a pas un seul où cela a été suivi d'une tentative d'agression ou éventuellement d'une agression sexuelle. C'est ce qui interroge, l'objectif même de ces piqûres pose question", estime Renaud Gaudeul, procureur de la République nantais aux journalistes de TF1.

Même chose à Grenoble, où une quinzaine de plaintes ont été déposées. Selon le parquet, deux enquêtes ont été ouvertes "pour administration de substances nuisibles" dans quatre discothèques différentes. Là encore, les premières expertises n'ont pas permis d'identifier une éventuelle drogue. Pour l'heure, aucune trace de GHB - "la drogue du violeur" - n'a pu être repérée. Même si pour certains cas, la réalisation tardive des prélèvements "ne permet pas d'exclure formellement une administration toxique de GHB", précise Eric Vaillant, procureur de la République à Grenoble, dans un communiqué.

De nombreuses questions doivent encore trouver des réponses. Les auteurs pourraient-ils piquer avec des seringues vides ? Dans quel(s) but(s) ? Toutes ces affaires sont-elles liées ? Trois énigmes que les enquêteurs parisiens (au moins six enquêtes), nantais (une enquête), rennais (quinze procédures) et grenoblois (au moins deux dossiers) doivent désormais résoudre.


Benoit Leroy | Reportage : Julien Cressens, Florence de Juvigny

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