Tiques : pourquoi vous avez tout intérêt à vous en méfier cet été

Publié le 24 juillet 2023 à 16h56

Source : JT 20h Semaine

En France, la période estivale est la saison la plus à risque pour les piqûres de tiques.
Or, cet insecte est le plus important vecteur d'agents pathogènes responsables de maladies infectieuses.
Parmi elles : la maladie de Lyme, l’encéphalite à tiques et la fièvre hémorragique de Crimée-Congo.

Si les piqûres de tiques sont possibles en hiver, la période estivale est la saison à risque par excellence en France. D'avril à octobre, ces petits insectes noirs qui se cachent de préférence dans les sous-bois, les herbes hautes, les champs et les zones humides sont particulièrement actifs dans les milieux naturels. Si cela vaut pour la majorité d'entre elles, plutôt forestières, notons que les climats secs et les périodes chaudes sont particulièrement prisés de l'Hyalomma. Retrouvée jusqu'alors surtout dans la garrigue ou le maquis méditerranéen, sa présence tend à se propager davantage avec le dérèglement climatique. 

Pour se prémunir contre les piqûres, des vêtements longs en forêt ou dans des herbes hautes et une vigilance sont préconisés. Cela vaut d'autant plus que, contrairement à ce qui existe pour les moustiques, aucun dispositif de surveillance national n’est organisé pour ces acariens qui représentent pourtant les plus importants vecteurs d'agents pathogènes responsables de maladies graves pour l'Homme. Parmi elles : la plus répandue, la maladie de Lyme, mais aussi l’encéphalite à tiques ou encore la fièvre hémorragique de Crimée-Congo (FHCC).

Maladie de Lyme

Il s'agit de la maladie la plus courante transmise par les tiques. Et pour cause : plus de 14% de la population mondiale a contracté la borréliose de Lyme, selon une méta-analyse publiée fin 2022 qui compile les études sur le sujet. Due à une bactérie du complexe Borrelia burgdorferi sensu lato, elle se transmet à l’être humain par piqûres de tiques infectées. 

La maladie de Lyme est rarement mortelle, mais les personnes mordues par une tique infectée sont susceptibles de voir apparaitre plusieurs symptômes, parfois tardifs. Le premier est cutané, les suivants sont souvent pseudo-grippaux, notamment des douleurs musculaires et articulaires, des maux de tête, des nausées et des vomissements. Si elle n’est pas traitée, elle peut également dans les formes les plus graves, entraîner des troubles neurologiques. Un diagnostic précoce est donc primordial.

Encéphalite à tiques

Moins répandue que la maladie de Lyme en Europe, l'encéphalite à tiques n'est pas à négliger pour autant puisqu'elle gagne du terrain, notamment en France, où 71 cas ont été signalés depuis 2021, avec un élargissement des zones touchées, selon un premier bilan publié en début de mois par Santé publique France. Dans le détail, 30 cas ont été recensés en 2021, 36 en 2022, 5 depuis le début de l'année 2023, indique l'agence sanitaire. La majorité étaient des hommes, l'âge médian était de 48 ans. Mais quatre enfants, dont deux ayant moins de 10 ans, et cinq seniors de plus de 65 ans - l'âge étant un facteur de gravité accrue - ont été affectés.  

À noter que le département ayant rapporté le plus de cas au cours de ces deux années est la Haute-Savoie. La région Auvergne-Rhône-Alpes apparaît dorénavant comme une zone importante de circulation du virus, avec des massifs particulièrement à risque, comme le Forez. Le sud de l’Ardèche est aussi atteint. Si la maladie a "une létalité très faible", elle provoque, dans les cas symptomatiques, "des séquelles importantes suite à l'atteinte du système nerveux central", a relevé Alexandra Mailles, de Santé publique France, lors d'une conférence de presse.

Fièvre de Crimée-Congo

Si "aucun cas humain de contamination par le virus de la fièvre de Crimée-Congo n’a encore été observé", l'Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) a récemment alerté sur le risque potentiel, jugeant dans un avis et un rapport sur les risques pour la santé humaine et animale des tiques Hyalomma  qu'"une émergence en France est possible". Le risque d'apparition de la fièvre de Crimée-Congo sur le territoire français est "d’autant plus probable que l’extension géographique de la zone d’implantation des tiques devrait être favorisée par les changements climatiques", selon Elsa Quillery, coordinatrice de l’expertise scientifique citée par l'Anses.

Vecteur de nombreux agents pathogènes, dont le virus de la fièvre de Crimée-Congo (FHCC), la tique Hyalomma est originaire d’Afrique et d’Asie. Introduite principalement par des oiseaux migrateurs venant d’Afrique, cette tique est présente en Corse depuis plusieurs décennies, et sur le littoral méditerranéen depuis 2015. Une dizaine de cas humains autochtones de cette fièvre ont ainsi été rapportés en Espagne depuis 2013, dont certains ont entraîné le décès du malade, observe l'agence.

Si cette fièvre se limite généralement à un syndrome grippal avec troubles digestifs, "dans certains cas, elle peut s’aggraver et se traduire par un syndrome hémorragique, dont le taux de létalité atteint 30% dans certains pays".


Audrey LE GUELLEC

Tout
TF1 Info