À cause du changement climatique, la fièvre du Crimée-Congo pourrait se propager en France

par M.L (avec AFP)
Publié le 2 juin 2023 à 14h27

Source : JT 13h Semaine

La tique Hyalomma, porteuse du virus de la fièvre de Crimée-Congo, est déjà présente dans le sud de la France, mais elle pourrait continuer à gagner du terrain à cause du dérèglement climatique.
La fièvre hémorragique de Crimée-Congo pourrait ainsi émerger dans le pays, alerte l'Anses.
Si aucun cas autochtone n'a encore été détecté en France, une dizaine ont déjà été enregistrés en Espagne ces dix dernières années.

À la faveur du dérèglement climatique, la menace grandit. L'émergence de la fièvre hémorragique de Crimée-Congo est possible en France, si une tique, porteuse du virus et présente sur une partie de l'Hexagone, se propage davantage sous l'effet des changements du climat, a averti jeudi dans un communiqué l'Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses).

La tique Hyalomma est vectrice de nombreux agents pathogènes, dont le virus de la fièvre de Crimée-Congo (FHCC). Originaire d’Afrique et d’Asie, elle est présente en Corse depuis plusieurs décennies, et sur le littoral méditerranéen depuis 2015, après avoir été introduite principalement par des oiseaux migrateurs venant du continent africain. Si "aucun cas humain de contamination par le virus de la fièvre de Crimée-Congo n’a encore été observé" sur notre territoire, l'Anses qu'"une émergence en France est possible", dans un avis et un rapport sur les risques pour la santé humaine et animale de ces tiques.

"Zone d’implantation favorisée par les changements climatiques"

Une dizaine de cas humains autochtones de cette fièvre ont ainsi été rapportés en Espagne depuis 2013, dont certains ont entraîné le décès du malade, observe l'agence. Si cette fièvre se limite généralement à un syndrome grippal avec troubles digestifs, "dans certains cas, elle peut s’aggraver et se traduire par un syndrome hémorragique, dont le taux de létalité atteint 30% dans certains pays". En France, des anticorps spécifiques au virus ont été retrouvés chez des animaux domestiques et sauvages, "laissant penser que ces animaux ont été exposés sur notre territoire", note l'agence sanitaire. 

Le risque d'apparition de la fièvre de Crimée-Congo en France est "d’autant plus probable que l’extension géographique de la zone d’implantation des tiques devrait être favorisée par les changements climatiques", selon Elsa Quillery, coordinatrice de l’expertise scientifique, citée par l'agence. Les climats secs et les périodes chaudes sont prisés des tiques Hyalomma, qu'on le retrouvait jusqu'alors en France surtout dans la garrigue ou le maquis méditerranéen, contrairement aux autres tiques, plutôt forestières, explique aussi l'experte. 

L’Anses appelle donc à une surveillance nationale de ces tiques, en ciblant les zones les plus à risque et en développant des outils pour détecter précocement les pathogènes transmis. "Contrairement à ce qui existe pour les moustiques, aucun dispositif de surveillance national n’est organisé pour les tiques, alors qu’elles transmettent des maladies graves comme la FHCC mais aussi la maladie de Lyme ou l’encéphalite à tiques", a également déploré Elsa Quillery. 

L'Anses souhaite aussi lancer des programmes de recherches sur la tique et le virus de la fièvre de Crimée-Congo, en vue de développer un vaccin. Sous l'effet du changement climatique, les zoonoses, ces maladies transmises à l'humain par des animaux, se sont multipliées ces dernières années, laissant craindre de nouvelles pandémies.

L'agence rappelle par ailleurs quelques principes de base pour se protéger des piqûres de tiques de manière générale : porter des chaussures fermées lors de promenades, ainsi que des vêtements couvrants de couleur claire pour mieux repérer les animaux sur le tissu, ne pas marcher dans les herbes hautes et les buissons mais privilégier les chemins balisés… Mais aussi utiliser des répulsifs disposant d'une autorisation de mise sur le marché (AMM) avant la balade, et au retour de promenade, bien s'inspecter, surtout au niveau des plis de la peau et du cuir chevelu.

En cas de piqûre, il faut détacher immédiatement la tique avec un tire-tique, une pince fine ou à défaut ses ongles, et bien désinfecter. Surveillez ensuite la zone de piqûre pendant plusieurs jours et n'hésitez pas à consulter un médecin en cas de symptômes, comme des rougeurs ou de la fièvre.


M.L (avec AFP)

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