Profs non remplacés : derrière la polémique, un vrai problème pour les élèves et leurs parents

par La rédaction de TF1info | Reportage TF1 Delphine Sitbon, Victor Topenot, Kévin Gaignoux
Publié le 15 janvier 2024 à 11h00

Source : JT 20h WE

Lors de son premier déplacement, la nouvelle ministre de l'Éducation nationale, Amélie Oudéa-Castéra a créé la polémique en expliquant mettre ses enfants dans un établissement privé à cause de "paquets d'heures (...) pas sérieusement remplacées" dans le public.
Ce sont effectivement quinze millions d'heures de cours qui sont perdues chaque année, au grand désarroi des élèves et de leurs parents.
Regardez ce reportage de TF1.

Si la question d'heures non remplacées et de manque de professeurs dans le secteur public a empoisonné le week-end de la nouvelle ministre de l'Éducation nationale, Amélie Oudéa-Castéra, c'est aussi un problème quotidien que partagent de nombreux élèves. Zoé Baumier, élève en troisième dans un collège de la Sarthe, en fait partie. Alors que le deuxième trimestre est déjà bien entamé, elle n'a pas de professeur de physique-chimie depuis le début de l'année scolaire, il y a cinq mois.

Les solutions des parents

"Je suis un peu inquiète parce qu'il y a le brevet en fin d'année et c'est un peu pénalisant pour nous", souligne-t-elle auprès de TF1 dans le reportage en tête de cet article. "La physique-chimie peut tomber au brevet des collèges", explique effectivement sa mère, tout aussi inquiète. "Si jamais ça tombe, qu'est-ce qu'ils vont mettre sur leur copie, les élèves ?", s'interroge-t-elle.

Pour pallier ce problème, Amélie tente de travailler ses cours avec des vidéos sur internet, l'ancien cahier de son grand frère et grâce au soutien de ses parents. Mais pour faire bouger les choses, ceux-ci ont par ailleurs décidé de s'organiser avec d'autres familles pour faire cours par eux-mêmes. C'est une des parents d'élèves, Céline Talineau, qui a pris la responsabilité de l'enseignement. Au quotidien, elle travaille dans une station d'épuration, rien à voir, donc avec l'Éducation nationale. "C'est totalement improbable. Ce n'était pas un cours ordinaire, c'était un cours de parent", insiste Céline Talineau. De son côté, le rectorat indique ne pas réussir à recruter.

À 80 kilomètres de là, à la Chartre-sur-le-Loir, dans l'après-midi de ce dimanche 14 janvier 2024, ils étaient une cinquantaine de parents et d'élèves excédés, eux aussi. Dans le collège Pierre de Ronsard, un quart des professeurs manque à l'appel. Les élèves de la sixième à la troisième sont concernés et la liste des matières donne le tournis. "Professeur d'anglais, professeur de maths, professeur de français, professeur de technologie...", énumère Guillaume Lambert, un parent d'élève. "On en est à quatre professeurs absents et non-remplacés, contrairement aux informations qu'on peut avoir du gouvernement qui a priori avait mis des mesures en place pour que ce ne soit plus le cas", met-il en avant. En tout, ce sont quinze millions d'heures de cours qui sont perdues chaque année.

Face à cette situation, l'avocate Valérie Piau appelle les parents à se réunir pour mettre en demeure le rectorat. "Je conseille de mettre en demeure en disant 'si on n'a pas le remplacement, on attaque en justice'. Du coup, ça met la pression sur le rectorat. À chaque fois que les familles attaquent l'État et que le professeur n'est pas remplacé, la condamnation est systématique", assure-t-elle. Car la loi est claire. L'État a l'obligation de mettre en face des élèves un professeur dans chaque matière obligatoire au programme.


La rédaction de TF1info | Reportage TF1 Delphine Sitbon, Victor Topenot, Kévin Gaignoux

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