Pour de nombreux chefs d'entreprise, les difficultés de recrutement sont liées à celles du logement.Dans le Morbihan, une équipe de TF1 a rencontré des patrons qui ont décidé de se retrousser les manches.L'un d'eux fait carrément construire un lotissement pour ses salariés.
Ses autocars, Damien Kerrand, directeur de l'entreprise "Voyages Morio" à Grand-Champ, dans le Morbihan, préférerait les voir sur la route. "Ce qui nous coûte cher, c'est un car qui reste sur le parking à ne pas rouler. On ne répond pas à certaines demandes parce qu'on manque de personnel", soupire-t-il. Mais malgré les candidatures, il n'arrive pas à recruter de nouveaux conducteurs. "Après avoir eu acceptation de leur candidature, il y en a qui nous ont dit 'ben non je ne vais pas réussir à venir, je ne trouve pas de logement'", raconte-t-il.
À quelques kilomètres de Vannes, ici, plusieurs des salariés actuels ont du mal à se loger. L'un d'eux explique être actuellement logé par sa famille : "Un T3, ça peut monter jusqu'à 600, 700, 800 euros". Impossible pour lui. Dans une agence immobilière de la commune, il n'y a aucune offre de location disponible. Un appartement remis en location il y a quelques jours est parti en une visite.
Comment faire alors pour recruter ? Un négociant en volailles que rencontre notre équipe vient d'acquérir une "tiny house", une toute petite maison. "Ça répondait une demande et ce n'était pas trop cher par rapport aux loyers qui sont en constante augmentation sur la région", explique-t-il. L'un de ses salariés sera bientôt logé ici, et plusieurs employeurs de la ville se portent acquéreurs d'autres "tiny" à bâtir sur ce terrain.
"Un atout de plus dans notre jeu"
À quelques dizaines de kilomètres, à Beignon, toujours dans le Morbihan, une menuiserie industrielle recrute des dizaines de salariés tous les ans. Le patron, dont l'un des salariés a récemment été découvert dormant dans sa voiture, construit carrément un lotissement pour eux. "Je trouve que c'est un projet du siècle dernier en fait, dans le fond, que les patrons s'occupent des logements des salariés. Mais principe de réalité, si on veut recruter, il faut qu'on ait un atout de plus dans notre jeu", souligne Dominique Lamballe, dirigeant de Fenêtréa.
L'entrepreneur veut construire une nouvelle usine. Des maisons vont donc voir le jour ici, mises en location puis à l'achat. "Tous mes collègues se développent plutôt ailleurs, mais moi, je suis né ici, poursuit Dominique Lamballe. Si on peut avoir 40 salariés propriétaires de leur maison à Beignon, on aura réussi". Il se porte aussi désormais caution solidaire pour certains salariés. La pénurie du logement touche une grande partie de la Bretagne jusqu'au Finistère.