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J-100 avant les JO : une facture finale au-delà des 10 milliards d'euros ?

Publié le 17 avril 2024 à 7h00

Source : TF1 Info

Alors que les organisateurs des JO promettent un budget serré, des observateurs indiquent que la facture finale dépassera les 10 milliards d'euros.
Une somme qui tranche avec celle avancée par Tony Estanguet : le président du comité d'organisation des Jeux de Paris évoque lui un montant de 4,4 milliards d'euros.
Les Vérificateurs font le point sur le coût de cet événement, qui approche à grands pas.

Un budget raisonnable. Maîtrisé. Voici les maîtres-mots du comité d'organisation des JO de Paris (COJO), qui a souhaité s'appuyer au maximum sur des infrastructures existantes pour éviter que la facture d'un tel événement ne flambe. À quelques mois du début des épreuves, des chiffres très variables circulent toutefois sur les montants véritablement dépensés pour la tenue de cette manifestation majeure dans la capitale. "La réalité du coût d'organisation des Jeux est de 4,4 milliards d'euros", assurait ces dernières semaines Tony Estanguet, le président du COJO. Un total bien inférieur à celui que met en avant un économiste sur les réseaux sociaux en cette mi-avril. Il évoque en effet un "coût final sans doute supérieur à 10 milliards d'euros".

Les organisateurs excluent les infrastructures des calculs

Pour comprendre comment un tel écart est possible entre les différentes estimations, il faut se pencher sur la suite des déclarations de Tony Estanguet. Il précise que les 4,4 milliards auxquels il fait référence correspondent "au budget du comité d'organisation, qui est financé à 96% par de l'argent privé". En parallèle, "un budget d'investissement" s'additionne, mais l'ancien champion de canoë effectue une distinction claire entre les deux.

L'argument du comité d'organisation est le suivant : les infrastructures – qu'il s'agisse des transports, stades et autres – sont pérennes. Leur construction a certes été motivée en partie par le rendez-vous olympique, mais leur utilisation va perdurer dans le temps. Sur certains sites, à l'instar du Château de Versailles où se dérouleront les épreuves d'équitation, des installations temporaires n'ont pas vocation à être utilisées au-delà des Jeux. Ce n'est toutefois pas le cas Centre aquatique olympique, ni de l'Arena qui a vu le jour dans le nord de la capitale (où se dérouleront entre autres les épreuves de badminton). Cette salle flambant neuve doit accueillir à l'avenir concerts et rencontres sportives, le club du Paris Basketball en faisant son quartier général.

Le budget de 4,4 milliards d'euros évoqué par le COJO se décompose de la sorte. Une dotation du CIO tout d'abord, d'un montant de 1,2 milliard, à laquelle s'ajoutent les revenus de "billetterie / hospitalités / licensing ", pour 1,4 milliard. Les partenariats (1,2 milliard) complètent les comptes, avec des "recettes diverses" de 193 millions d'euros et une contribution publique "destinée au financement de l’organisation des Jeux Paralympiques".

Encore trop tôt pour évaluer un potentiel surcoût

Si le comité d'organisation se réjouit d'un budget tenu, uniquement revu (légèrement) à la hausse dans un contexte inflationniste, c'est du côté des dépenses publiques qu'un dépassement est à craindre. "Via la Société de livraison des ouvrages olympiques (Solideo), près d’1,8 milliard d’euros de deniers publics (État, région IDF, Paris, Seine-Saint-Denis, etc) sont allés aux JO", rappelle 20 Minutes. Une Solideo dont le budget pour les Jeux a été estimé à quelque 4,4 milliards d’euros.

Le montant total de la facture sera connu "après les JO", a fait savoir le  président de la Cour des comptes, Pierre Moscovici. Après avoir évoqué trois milliards d’euros d'investissements publics, il s'est montré en ce début d'année plus évasif, laissant entendre que cette somme pourrait atteindre "trois, quatre, cinq milliards d’euros". Une hypothèse haute à laquelle on ne croît pas du côté du ministère des Sports, et qui serait synonyme de budget global supérieur à 10 milliards d'euros pour ces JO 2024.

Parmi les dépenses encore difficiles à chiffrer figurent des dépenses de personnel, correspondant notamment aux primes versées aux policiers chargés d'assurer la sécurité durant cette période de forte mobilisation. Sans oublier des imprévus inhérents à la mise en place d'un événement de cette envergure. La Cour des Comptes, qui doit se pencher sur les finances des JO, devrait produire un rapport attendu à l'automne 2025.

Avant que Paris ne soit désignée ville hôte, rappelons que le coût total de l'organisation était évalué à un peu plus de 6 milliards d'euros. À quelques semaines de la cérémonie d'ouverture, il est désormais certain que l'ensemble des dépenses avoisinera a minima les 9 milliards, dont une moitié d'argent public. Une somme inférieure à la moyenne des 9 dernières éditions (depuis Séoul 1988), qui atteint 14,4 milliards d'euros.

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Thomas DESZPOT

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