Sologamie : quand se marier à soi-même devient possible

par Sabine BOUCHOUL pour TF1 INFO
Publié le 16 avril 2024 à 12h00

Source : JT 20h WE

Lancée au Canada il y a 20 ans, la sologamie fait des émules au Japon, aux États-Unis et commence à émerger en Europe.
Ce concept, qui permet aux personnes célibataires de se marier avec soi-même, est de plus en plus médiatisé.
Pansement pour les âmes déçues par la vie de couple et les célibataires endurcis ou refus de se plier aux normes ?

Les fans de la série "Sex and the City" se rappellent certainement cette scène dans laquelle Carrie Bradshaw, lassée d’attendre que l’homme de ses rêves fasse une apparition, décide de se passer elle-même la bague au doigt. La sologamie, c’est ça : un concept qui désigne le fait de se marier à soi-même et de s’épanouir dans une relation sans dépendre d’un conjoint ou d’une conjointe. C’était en 2003, mais le premier mariage sologame aux États-Unis a été célébré en 1993. Depuis, de nombreuses célébrités se sont laissé séduire par le concept, notamment Adriana Lima ou encore l’actrice britannique Emma Watson. En France, le premier sologame a été l’influenceur Jeremstar, en 2017. 

Une philosophie de vie

Pour la psychologue et psychothérapeute, Véronique Kohn, la sologamie n’est pas une mauvaise idée, toutefois elle ne doit pas être une stratégie pour se replier sur soi-même et se réfugier dans la solitude. À nos confrères d’Europe 1, elle explique "la sologamie part d’une bonne intention, augmenter l’amour de soi, aimer ce que je suis pour pouvoir l’offrir à l’autre". Elle tempère : "Se dire : 'je préfère me marier avec moi parce que le couple est normé, le couple est trop romantique, le couple va être un échec, est une aberration, car ça engendre l’évitement de la relation". En gros, la sologamie peut être un premier pas pour se reconstruire, s’aimer, s’accepter, se célébrer et non pas un dernier recours ou une finalité à cause d’une déception amoureuse ou par anticipation d’un échec futur. C’est ce que prône également l’écrivaine américaine Sarah Sharpe, sologame et auteure du livre A Dress, a Ring, Promise to Self. Pour elle, "il n’est pas impossible d’aimer, d’honorer et de prendre soin d’autrui si l’on n’apprend pas d’abord à s’aimer, à s’honorer et à prendre soin de soi-même".

Est-il légal de se marier à soi-même ?

La sologamie n’est reconnue par aucune loi. En réalité, il s’agit d’une union symbolique et d’un acte spirituel. Les sologames sont libres d’organiser une cérémonie, s’offrir une bague, une robe ou un costume, inviter leurs proches pour célébrer leur engagement envers eux-mêmes. Aux États-Unis, le site I Married Me propose des kits d’auto-mariage. Au Japon, l’agence Cerca Travel propose également des mariages solos. Pour 2 500 dollars, l’agence prend en charge l’essayage des robes, la réalisation du bouquet, la séance photo, le maquillage et la coiffure et même la réservation d’une nuit de noce. 

Si pour certains, la sologamie est un acte symbolique fort, ou une forme de narcissisme poussé à son paroxysme, pour d’autres, c’est un pied de nez au patriarcat ou une volonté de ne pas rentrer dans les normes. Cependant, pour Véronique Kohn, il y a aussi un danger pour les sologames. "Tous nos choix réactionnels partent de notre part rebelle, qui finit par nous desservir, car au final ce n'est pas un choix délibéré et réfléchi, c'est un choix contre, ici contre une norme établie. Mais est-ce que cela nous correspond vraiment ?", se demande-t-elle dans une interview accordée à Santé Magazine. 


Sabine BOUCHOUL pour TF1 INFO

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